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Canicule : ça chauffe dans les cliniques vétérinaires !

Crédit photo @Sabine Teichert - stock.adobe.com

L'été est bien là et avec lui, les températures grimpent en flèche. Or, on le sait, les animaux supportent bien mieux le froid que les grosses chaleurs. Et pour le personnel soignant des structures vétérinaires, les fortes températures peuvent également être difficiles à gérer. Alors comment faire pour préserver les membres de l’équipe, les patients à quatre pattes mais aussi les clients ? Quels sont les devoirs des employeurs et les droits des salariés, aussi bien ASV que vétérinaires ?


Le réchauffement climatique nous expose à des canicules de plus en plus longues et fréquentes. Toutes les régions sont désormais touchées et il devient essentiel de se questionner sur la mise en place d'astuces et de solutions pour que les soins en structure vétérinaire se fassent dans les meilleures conditions. Dans ce contexte, l'employeur doit fournir une atmosphère de travail acceptable à ses collaborateurs. Ce qui peut vite devenir un casse-tête car cela nécessite de mettre en place des moyens efficaces tout en composant avec les réalités techniques et financières des cliniques.

Chaleur et bien-être au travail : que dit la loi ?

Eh bien justement, pas grand-chose...

" Le Code du Travail prévoit que l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des salariés notamment au regard des conditions de température. [...] L'employeur est tenu de mettre en place une organisation et des moyens adaptés aux situations d'exposition aux épisodes de forces chaleur " [1].

La loi n'impose pas de cadre particulier à l'employeur même s’il a des obligations concernant le bien-être de ses salariés sur le lieu de travail. Obligations qui concernent également la chaleur dans les locaux. Cependant, il n'y a pas de règles précises à suivre mais plutôt des recommandations générales. Libre à lui de les appliquer comme il l'interprète, afin de faciliter le travail de ses collaborateurs en période de fortes chaleurs.

En pratique :

  • Il doit fournir à toutes les personnes présentes sur le site de l'eau fraîche et en quantité suffisante et cela gratuitement ;

  • Ensuite, il doit veiller à une bonne ventilation des locaux. Que cela soit rendu possible par des climatiseurs ou par des ouvertures, l'installation doit être fonctionnelle et conforme ;

  • Il n'existe pas de droit de retrait officiel même si la température est très élevée. Il est du devoir de l'employeur de trouver des solutions afin de rendre les conditions de travail acceptables. Oui mais alors comment faire quand les moyens mis en œuvre ne suffisent pas ? Ou pire, si le dialogue est rompu avec le gérant et qu'il ne semble pas se préoccuper du bien-être de son équipe ?

  • La médecine du travail peut alors devenir un interlocuteur de choix pour dénouer une situation tendue et compliquée. Il ne faut pas hésiter car toute l'efficacité des soins apportés aux animaux repose sur une équipe en forme et qui peut travailler correctement. Les efforts physiques et le stress du travail en clinique vétérinaire étant déjà de vrais challenges à relever au quotidien, il n'est pas nécessaire d'en rajouter avec une température tropicale dans les locaux.

En pratique, on fait comment ?

Nous l'avons vu plus haut, il est nécessaire que tout le monde ait accès à de l'eau en permanence. Pour le bien être des clients, il peut s'avérer utile de leur en proposer également, par exemple, en installant une fontaine à eau en salle d'attente. En effet, si les clients doivent patienter longtemps, cela leur permet de le faire dans de meilleures conditions. De plus, certaines personnes potentiellement stressées pourraient avoir besoin de se rafraîchir. Et bien sûr, n'oublions pas leurs compagnons à quatre pattes en leur proposant une source d'eau fraîche et propre.

Les cliniques vétérinaires ayant souvent de grandes ouvertures vitrées, il peut être utile d'installer des stores qui pourront être descendus pour limiter le soleil direct aux heures les plus chaudes.De plus, il est essentiel de faire attention aux pièces dans lesquelles la température peut grimper rapidement. Notamment les salles qui contiennent des appareils et du matériel électronique qui est allumé en permanence, comme les salles de radiographie ou d'échographie. Ce sont souvent des endroits de taille restreinte, sans ouvertures et dont l'équipement dégage une beaucoup de chaleur. De même, lorsque la luminosité des lieux le permet, il est conseillé d’éteindre l'éclairage artificiel.

Attention également aux animaux hospitalisés dans les chenils ou les chatteries. Ces pièces peuvent devenir très chaudes. Or, les animaux étant souvent stressés, il faut à tout prix prévenir le risque de coup de chaleur. Idem pour les réveils lors d'anesthésies qui sont souvent des moments de grande agitation pour les animaux. Ainsi, il faut veiller à les garder au calme et à surveiller que la température ne monte pas trop dans leur cage. À nouveau, les espaces étant restreints, la bonne ventilation de la pièce est essentielle.

Une petite astuce consiste, par exemple, à poser des pains de glace sous le caillebotis dans la cage ce qui permet d'apporter une sensation de fraîcheur à l'animal. Les cages à oxygénothérapie doivent être utilisées avec prudence lorsde grosses chaleurs. Leur paroi en plexiglas limite les entrées d'air frais et elles peuvent vite devenir de vraies étuves si aucune précaution n'est prise.

Rappelons, qu’une attention toute particulière doit être portée aux animaux brachycéphales. Leur anatomie particulière les rend plus sujets aux difficultés respiratoires lors de grosses chaleurs. Ils doivent impérativement être placés dans une pièce fraîche et toutes les précautions doivent être prises pour limiter leur stress lors des examens ou consultations.

La clim, nécessaire mais parfois délétère...

Concernant la climatisation, si elle peut être une excellente solution, il faut veiller à son entretien régulier afin de garantir son efficacité mais également son hygiène. En effet, les systèmes de climatisation peuvent s'encrasser. Des germes s'y développent alors et peuvent ensuite être " soufflés " dans l'air ambiant.

De plus, même la climatisation la mieux entretenue pose problème dans une des pièces clé d'une structure vétérinaire : le bloc de chirurgie. En effet, pour des questions d'hygiène les climatiseurs classiques ne peuvent pas y être utilisés. Le risque d'une contamination infectieuse est trop grand. Des systèmes spécifiques permettant de renouveler rapidement et régulièrement l'air ambiant dans un bloc existe mais sont coûteux et donc assez rares en clinique vétérinaire classique.

Et n’oublions pas que l'usage d'un réseau de climatisation entraine forcément un réel questionnement écologique. Il est quasi impossible de faire sans, mais n'est-ce pas entrer dans un cercle vicieux que d'en intensifier l'utilisation alors que la sobriété énergétique est de mise ?

Alors pour limiter l’usage des clim’, lors des journées les plus chaudes, il peut être intéressant de modifier les horaires d'ouverture de la clinique pour travailler aux heures les plus fraîches. Cette solution peut paraître utopique et difficile à mettre en place mais peut s'avérer efficace. De même, diminuer le nombre de consultations afin de laisser des temps de pause et de récupération à l’équipe peut faire la différence. En diminuant l'activité, on diminue l'intensité de travail ce qui est bien utile dans ces conditions.

Si cela n'est pas envisageable, on peut a minima lors de la prise de rendez-vous, " trier " les consultations. On évite donc de faire venir les vieux animaux, les plus jeunes, les races fragiles quand la température monte et on privilégie les créneaux tôt le matin ou en fin de journée. Certaines chirurgies de convenance ou non urgentes peuvent également être repoussées afin d'éviter les anesthésies lors de journées de canicule.

Si malheureusement, les températures sont vraiment trop élevées et que les solutions mises en place ne suffisent pas, alors se pose la question de la légitimité à recevoir les animaux. En effet, prenons l'exemple d'un bouledogue français qui arriverait en état de choc à la suite d’un coup de chaleur. Sa température s'approche dangereusement des 41°C et il peine à respirer. Il paraît inenvisageable de l'installer dans un chenil dans lequel la température s’approcherait des 30°C. Et encore moins dans une cage à oxygène qui sera sûrement encore plus chaude ! Alors comment faire ? Vaut-il mieux référer ce pauvre chien afin de lui donner les meilleures chances de s'en sortir ? On peut se poser la question... Pour éviter cela, il faut en équipe trouver des solutions efficaces pour accueillir au mieux les animaux en période de fortes chaleurs tout en assurant un confort minimum à l’équipe soignante.


Comme beaucoup de domaines, la médecine vétérinaire et la prise en charge en clinique sont impactées par le changement climatique. Chacun au sein des structures doit être vigilant et participer à la création d'un environnement favorable pour le bon fonctionnement de l'activité et la bonne santé de tous. Les patrons sont malgré tout responsables et ils se doivent de développer un vrai sens pratique afin de trouver des axes de progression pour faciliter le travail de tous. Une chose est sûre, nous faisons tous de notre mieux pour ces petits patients que nous aimons tant, et c'est ce qui compte ! Alors bon été à tous et surtout pensez à bien vous hydrater, ça va chauffer !

 

Charlotte Vigreux,
Auxiliaire Spécialisée Vétérinaire

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] BERCY INFOS. Canicule : quelles sont les obligations de l'employeur ? [En ligne]. Disponible sur : https://www.economie.gouv.fr/entreprises/canicule-obligations-employeur [Consulté le 5 juillet 2023]

 

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