Se connecter

Intégration dans un groupe vétérinaire : 2 ans après… – Entretien avec Etienne Asseman

Crédit photo @ wellphoto - stock.adobe.com
Vous le savez, TÉMAvet est un média collaboratif. Il est important pour nous de valoriser le collectif et de porter la voix de la profession. Alors, quand Etienne nous a contacté pour nous proposer de partager son ressenti à la suite de son intégration dans un groupe vétérinaire, ni une ni deux, on a évidemment accepté.

NDLR : À la suite de différentes interrogations de la part de nos lecteurs, la rédaction confirme qu’il ne s’agit pas ici d’un publi-rédactionnel mais bien du témoignage d’un confrère fait en dehors de tous conflit d’intérêt et de toute pression par un groupe.

Et c’est sous la forme d’un entretien que nous vous proposons de découvrir ici son bilan à 2 ans…


Crédit photo : @ Etienne Asseman

Etienne, tout d'abord, pourquoi vouloir témoigner ?

EA : Je souhaite témoigner pour partager mon ressenti tout à fait personnel, après plus de deux ans d'intégration dans un groupe vétérinaire, une « chaine » comme on dit, afin d'aider mes consœurs et confrères, jeunes ou moins jeunes, qui peuvent se poser des questions similaires et légitimes : on ne fait ce type de choix que rarement dans sa vie.

Nombreux sont celles et ceux me contactant à ce sujet : le sujet est intéressant pour beaucoup.

Pour mieux comprendre le bilan fait aujourd'hui, reprenons au commencement : quel était votre contexte professionnel avant d'intégrer ce groupe et pourquoi l'avoir intégré ?

EA Avant d'intégrer ce groupe, j'exerçais en tant que praticien indépendant, dans une clinique vétérinaire de petite taille (2 vétos associés / 1 véto salarié / 3 ASV) de type généraliste, à Hénin-Beaumont (Dépt 62) depuis environ 30 ans : j’avais environ 58 ans au moment de mon intégration dans le groupe.

Les contraintes administratives devenaient de plus en plus pesantes venant s’ajouter au temps consacré aux soins : il n’était pas rare de finir les journées à 21h pour cause de comptabilité, courriers URSSAF, impayés, gestion des emplois du temps, déclarations et autres paperasseries.

Il devenait aussi de plus en plus difficile de recruter des vétérinaires ou ASV.

J'ai donc décidé d'intégrer ce groupe pour retrouver ce qui me tiens réellement à cœur : exercer mon métier de vétérinaire auprès des animaux et de leurs maîtres.

Quelles étaient les conditions d'intégration ? Qu'est-ce qui vous a séduit dans leur proposition ?

EA : Avant tout, je souhaitais demeurer indépendant : continuer à choisir mes propres traitements, techniques et prescriptions médico-chirurgicales, sans aucune obligation de prodiguer des soins que je jugerais inutiles, ni de chiffre d’affaires ou de progression financière à réaliser, dans le respect des règles de l'Ordre des Vétérinaires.

J’avais la garantie de travailler dans un environnement sérieux et professionnel, dans une bonne ambiance, tout en conservant mon autonomie et la même équipe (ASV et vétos), sans affichage à outrance de l’appartenance au groupe (du type changement de nom de la clinique, enseigne, logos, couleurs des locaux et des blouses…), et avec des formations techniques, en interne au groupe, ou en externe (de type Vétérinarius, par exemple).

J’étais également séduit à l’idée de transmettre ma clientèle le jour où je quitterai la vie professionnelle.

Quelles étaient vos peurs/inquiétudes irrationnelles ou légitimes ?

EA Surtout la peur du changement : changer de façon importante les habitudes et le mode de fonctionnement qui ronronnaient depuis longtemps, et donc la crainte de l’inconnu.

J'avais quelques inquiétudes concernant l'adoption d’un nouveau logiciel informatique et l’informatisation assez pousséeCependant, ces préoccupations se sont révélées être infondées car toute l’équipe a pu s’y familiariser rapidement grâce à l'aide à distance et l'équipe informatique (plateforme très à l’écoute et réactive). Le changement du parc informatique (avec l’appui d’une équipe informatique) et le passage à la fibre ont permis cette évolution : bref, il aura fallu s’y mettre tout de suite, mais 15 jours auront suffi à digérer cette évolution.

Quant au changement de centrale d’achat, on s’y est fait très rapidement.

Enfin, le fait de ne plus être « maître à bord » ne m’a jamais contrarié, car j’y étais préparé, conscient que la roue tourne…

Une question que beaucoup se posent : est-ce que les engagements proposés par le groupe avant l'intégration ont été respectés (accompagnement, autonomie, maintien des équipes, facilités de recrutements, décharge administrative...) ?

EA : Oui, les engagements proposés par le groupe ont été entièrement respectés.

J'ai bénéficié, ainsi que toute l’équipe, d'un très bon accompagnement lors de mon intégration, et mon autonomie dans ma pratique vétérinaire demeure totale, tant du point de vue technique que du point de vue planning et repos.

L’équipe existante a été maintenue et s’est même agrandie conformément à mon souhait de départ.

L’appartenance au groupe a facilité les recrutements en cas de besoin : en cas de maladie de l’une ou de l’un d’entre nous, le groupe trouve assez rapidement une personne en remplacement si nécessaire (ASV ou véto), beaucoup plus facilement que « avant ». Je ne sais d’ailleurs pas pour quelle raison.

Effectivement, le groupe m'a totalement déchargé des tâches administratives, telles que la comptabilité et les commandes, qui ont été confiées en totalité aux ASV.

Question matériel, je souhaitais, ainsi que mon associé, l’achat d’une radio numérique et de matériel de laboratoire : cela s’est fait en moins de 6 mois.

Enfin, les horaires de travail et planning : ils sont, certes, contrôlés et validés, mais en bonne intelligence et après concertation entre nous ; ils ne sont pas imposés par une D.R.H. externe (mais pourraient l’être en cas de conflits internes).

Parce qu'il n'y a pas mille façons de faire, mettons les pieds dans le plat : quels sont, pour vous, les points positifs et les points négatifs de votre pratique depuis votre intégration ?

EA Les points positifs depuis mon intégration sont principalement :

  • la possibilité de travailler en toute autonomie, sans contrainte technique ni de timing: pas de pression ;

  • l'accès à des formations techniques internes et externes ;

  • la disponibilité d'un matériel de qualité et bien entretenu ;

  • la disparition des tâches administratives ;

  • la conservation de l’équipe dans une bonne ambiance et un recrutement facilité ;

  • la collaboration avec d'autres cliniques du groupe.

Les points négatifs sont principalement liés à l'adaptation au nouveau logiciel et à des changements d'habitudes, mais ces aspects se sont rapidement améliorés.

Comment envisagez-vous le nouveau paysage véto (cohabitation chaines/cliniques indépendants) à l'avenir ?

EA : Je pense que le nouveau paysage vétérinaire avec la cohabitation entre les chaînes de cliniques et les cliniques indépendantes est une réalité inévitable, avec un ratio 60/40 environ à l’équilibre.

C’est la tendance inéluctable, à mon sens, et l’Ordre des Vétérinaires doit l’accepter.

Il y a des avantages à travailler au sein d'un groupe vétérinaire, tels que la possibilité de bénéficier de ressources et de soutien supplémentaires, ainsi que de partager les connaissances et les bonnes pratiques entre les différentes cliniques du groupe.

Cela devrait être de nature à rassurer les jeunes vétérinaires hésitants, et les inciter à venir travailler en clientèle, dans un contexte sécurisant.

A l’heure où il est beaucoup question du mal-être dans la profession, cet aspect me semble important : même si l’entrée dans une chaîne vétérinaire n’est pas la seule solution au malaise actuel, elle me paraît au moins en être une.

Cependant, je crois également qu'il y aura toujours une place pour les cliniques indépendantes qui offrent une approche plus locale.

L'essentiel est de maintenir la qualité des soins et le bien-être des animaux au cœur de notre pratique, pour la satisfaction de leurs maîtres, peu importe le modèle de structure choisi.

Pour conclure, que diriez-vous aujourd'hui à l'Étienne Asseman d'il y a un peu plus de 2 ans qui réfléchissait à se lancer dans le processus d'intégration ?

EA Je n’ai aucune leçon à donner, et tous ces propos sont purement personnels.

Je ne sais pas si mon ressenti est partagé par la majorité des vétos s’étant lancés dans l’intégration, ni si tous les groupes offrent les mêmes conditions et respectent leurs engagements comme ce fut le cas pour moi : je n’ai rien trouvé dans les revues hebdomadaires classiques qui n’ont pas l’air de se préoccuper du sujet et que mon témoignage n’a pas intéressé.

Je dirais à l'Etienne d'il y a un peu plus de 2 ans qu'il a fait le bon choix en se lançant dans le processus d'intégration, et qu’il a bien fait de ne pas avoir peur : les objectifs fixés ont été atteints, je travaille de manière sereine au sein d'un groupe à l'écoute, mon équipe est satisfaite, ainsi que la clientèle.

L'intégration dans un groupe vétérinaire peut offrir des avantages tels que la liberté de choix dans la pratique, le soutien administratif et technique, ainsi que des opportunités de développement professionnel.

Après plus de 2 ans, je trouve que ma décision d’intégration a permis d’améliorer mon équilibre professionnel / personnel / familial.

Enfin, je suis maintenant rassuré quant au devenir de ma clientèle lors de mon arrêt dans quelques années : la relève est prête, la clientèle continuera d’être bien soignée après mon départ.


Merci Etienne pour ce témoignage. Si vous aussi, vous désirez faire entendre votre voix, écrivez-nous à bonjour@temavet.fr.

 

Propos recueillis par Manuelle Hoornaert
Vétérinaire & Rédactrice en chef

 

La rédaction vous conseille 

La newsletter qui décrypte le monde vétérinaire autrement

Pour les vétérinaires curieux qui n'ont pas le temps de l'être : tous les mois, des articles, des histoires, des jobs et des conseils qui donnent le sourire.

Management & Bien-être au travail

Presse vétérinaire

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15