Lorsque je suis sortie de l’école, j’ai eu le choix entre deux postes très différents : l’un en équine pure, l’autre en canine-équine ; les cliniques avaient des méthodes de travail et une philosophie de soin très éloignés et ils étaient localisés dans deux régions différentes. Et en bonne débutante que j’étais, je pense pouvoir dire aujourd’hui que j’ai fait … le mauvais choix. Avec du recul (et somme toute un peu d’expérience…), voici la liste des questions que j’aurais dû me poser et des réflexions que j’aurais dû avoir.
L’ambiance de travail
Ce n’est pas une surprise, l’ambiance de travail arrive en tête de liste des leviers de motivation chez les jeunes vétérinaires. C’est bien normal : personne ne prend plaisir à travailler dans une ambiance tendue ou dégradée. Ce n’est pas toujours évident de se faire une idée de l’ambiance en quelques heures lors d’un entretien d’embauche mais en y prêtant attention, certaines choses se sentent où se présentent. Les tensions, si ténues soient-elle, sont souvent palpables. Alors ouvrez grand vos yeux, vos oreilles et vos chakras…
L’équipe de vétos et d’ASV
L’idéal est de croiser tout le monde lors de l’entretien pour se faire une idée de l’ensemble de l’équipe. Individuellement, comment vous semblent être les personnes que vous avez rencontrées : sympathiques, bosseuses, humbles, intègres ou alors dotées d’un égo sur-dimensionné, pessimistes, râleuses ? Et collectivement, cette équipe vous a semblé cohésive ou au contraire dysfonctionnelle ? Faites-confiance à votre ressenti : est-ce que je me vois travailler avec ces personnalités ? Si on est attentif, on peut savoir assez vite si ça "matche" ou pas avec quelqu’un…
La fiche de poste et les perspectives d’évolution
Une des causes de démission la plus fréquente chez les salariés (pas que les vétérinaires) est le sentiment de tourner en rond, de ne pas progresser. Le métier de vétérinaire est à certains égards répétitif. Le sentiment de s’enliser dans une routine professionnelle peut rebuter certains praticiens. Dans une grande entreprise, on peut changer de poste pour acquérir de nouvelles compétences et avoir des missions différentes. En structure vétérinaire, c’est beaucoup moins vrai au sens où le changement est moins radical… Mais ne perdez pas de vue qu’il existe de nombreux moyens pour un vétérinaire praticien de diversifier son quotidien : approfondir ses connaissances, se former à de nouvelles compétences, prendre de nouvelles responsabilités etc. Il est donc important que vous sachiez ce que vous attendez de ce poste à court, moyen et long terme et comment vous souhaitez le voir évoluer. Comment ce poste s’inscrit-il dans votre projet professionnel ? Par exemple, souhaitez-vous devenir associé ? Si oui, à quelle échéance ?
L’équipement
Le métier de vétérinaire praticien comporte une partie technique non négligeable. Certains exerceront leur métier avec des bottes, un stétho et trois bouts de ficelle sans que cela soit un problème. D’autres auront besoin de matériel de pointe pour s’épanouir. Si vous êtes passionné de chirurgie ortho, vous serez sûrement ravi d’avoir le matériel chirurgical qui s’impose… Si la pathologie locomotrice équine est votre dada, il est peut-être plus sage de passer votre chemin si la clinique n’a qu’un vieil échographe et ne compte pas investir.
La localisation géographique
C’est un point essentiel, bien entendu ! Essayer d’imaginer ce que serait votre vie quotidienne à cet endroit (surtout en plein hiver). Vérifiez que ce que peut vous offrir la région est compatible avec vos aspirations et votre mode de vie.
L’alignement avec vos valeurs professionnelles
Nous avons tous des valeurs professionnelles. Partager les valeurs de la clinique dans laquelle vous travaillez est primordial. Et à contrario : travailler à contre-courant de ses propres valeurs engendre une grande frustration. C’est une notion que les jeunes diplômés oublient très souvent… C’est d’ailleurs celle que j’ai complètement occulté lors de ma première recherche d’emploi (mais que je n’ai plus jamais oublié par la suite). La manière dont vous avez envie de soigner vos patients et de vous comporter avec vos clients n’est pas négociable ! La conscience professionnelle, la liberté intellectuelle, le rapport aux animaux et aux soins sont autant de points sur lesquels vous ne devriez pas avoir à transiger. Se plier à des pratiques qui sont en décalage avec ses propres valeurs professionnelles peut abimer un jeune vétérinaire…
L’adéquation avec le modèle managérial
Ce dernier a une grande influence sur la manière dont vous appréhenderez votre travail au quotidien. Certains d’entre vous seront rassuré par le fait d’être encadrés et suivis de près tandis que d’autres auront besoin d’avoir une grande liberté. Qui serait votre référant/manager ? De quelle manière le suivi et les échanges se feront-ils ? Vous sentirez-vous libre d’évoquer avec lui/elle tous les sujets qui vous tiennent à cœur ? Il vous semble qu’il n’y pas vraiment de management dans la clinique où vous avez postulé mais vous adoré l’entretien et les personnalités de l’équipe ? Et bien, si vous le sentez, allez-y !
Le salaire
Last but not least, j’ai envie de dire… Si la question de l’argent n’est pas la principale motivation des salariés vétérinaires, elle reste évidemment incontournable ! Chacun a son avis sur cette question : à vous de savoir à quel point c’est important pour vous. Il faut aussi prendre en considération les perspectives d’évolution salariales. Peut-être est-il possible de négocier en amont une hausse d’ici 1 an si vous faîtes vos preuves (cela se pratique de plus en plus) ?
Vous l’avez compris, le meilleur moyen de faire le bon choix est de bien se connaître soi-même. Suivez votre ♥️ mais sachez tout de même raison garder…
Marine Slove,
Vétérinaire & Éditrice associée