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S’associer en tant qu’ASV, et pourquoi pas ?

Crédit photo @ TÉMAvet
En poussant la porte du cabinet vétérinaire Passion NAC, vous entrez, peut-être sans le savoir, dans une structure de soins vétérinaires pas comme les autres. Alors bien sûr, on comprend vite qu’ici les patients, qu’ils soient à écailles, à plumes ou à poils, ont un point commun, ce sont des NAC et exclusivement des NAC, ce qui n’est déjà pas banal. Mais ce n’est pas de ça dont il s’agit ici. La caractéristique principale qui fait de ce cabinet une exception, du moins à l’heure actuelle, dans le paysage vétérinaire, c’est que l’une des deux associées n’est pas vétérinaire. Aurélie est ASV et bel et bien associée ! Comment Leslie, vétérinaire, et Aurélie, auxiliaire ont-elles unie leurs forces pour créer ce cabinet ? Qu’est-ce qui les a poussées à le faire ? C’est ce qu’elles ont accepté de partager avec nous dans l’espoir que leur histoire puisse en inspirer d’autres.

De la rencontre à l'association

Alors que la fin des études de Leslie approche et qu'Aurélie débute son alternance, elles commencent à travailler ensemble dans la même structure vétérinaire. Peu à peu le binôme se construit et se renforce. À la complémentarité professionnelle vient s’ajouter une belle amitié.

Après une dizaine d’années à accumuler de l’expérience en tant que salariées dans le service dédié aux NAC de la clinique, rien ne laissait présager que, quelques années plus tard, elles dirigeraient ensemble une entreprise vétérinaire. En effet, elles sont bien là où elles sont et n’ont pas envie de quitter leurs jobs. Pourtant, quand elles apprendront que la structure va déménager, ce qui rendra leurs trajets domiciles – travail insupportables au quotidien, tout va changer.

Comment quitter « leur nid » sans pour autant se perdre, sans pour autant casser ce binôme efficace et rassurant ? La solution semble claire, elles doivent trouver du boulot au même endroit. Et si ce défi n’est déjà pas forcément évident à relever de manière générale, dans leur cas c’est quasiment mission impossible. Leurs patients sont des NAC et trouver une structure prête à embaucher une vétérinaire et une auxiliaire désirant continuer à travailler majoritairement avec des NAC et dans de bonnes conditions (comprenez avec le matériel nécessaire et donc avec un investissement de départ non négligeable), semble improbable.

L’idée commence alors à germer. Il faut créer cette structure NAC exclusive dans laquelle elles pourront continuer ensemble à faire ce qu’elles savent faire.

Oui mais voilà, se lancer dans la création d’une structure vétérinaire, seule, c’est compliqué et ça peut faire peur. Leslie sait qu’elle a besoin de s’associer pour mener à bien ce projet. Et c’est là, en 2017, que l’idée arrive, comme une évidence, elles vont le monter à deux ce cabinet à leur image ! Mais, est-ce seulement légalement possible ?

Et là où une très grande majorité d’entre nous, vétérinaires et ASV, n’auraient pas forcément été creuser la question, elles, elles l’ont fait, avec au bout du chemin, une bonne surprise, c’est possible !

Possible oui mais pas forcément facile

Tous ceux qui ont créé leur entreprise vous le diront : entre l’idée et l’ouverture effective, le parcours peut s’avérer long et compliqué.

Sur ce point, leur histoire ne déroge pas à la règle. Après avoir obtenu le feu vert quant à la possibilité légale de se lancer dans cette aventure à deux, il a fallu convaincre les banques, trouver les fonds, choisir un nom, un emplacement et j’en passe… Et là, ça a coincé… un peu. Mais pas de quoi les arrêter. Leslie et Aurélie ont dû convaincre qu’une ASV est parfaitement légitime à monter un tel projet (elles ont aussi eu besoin de rassurer tout le monde sur le fait qu’une clinique en exercice exclusif NAC était un projet viable, mais là n’est pas notre sujet !). Chaque interlocuteur a dû accepter la situation et passer outre les croyances bien ancrées que seuls des vétérinaires peuvent monter une structure de soins vétérinaires. L’association vétérinaire / auxiliaire vétérinaire est une solution réelle. Et bien que la répartition des parts sociales de l’entreprise ne puisse pas excéder les 25% pour l’auxiliaire, elle a tout son rôle à jouer. Les décisions et les responsabilités sont prises et assumées à deux, la répartition des tâches se dessinent. Aurélie verra son rôle s’étendre bien au-delà des limites théoriques d’un poste d’auxiliaire.

En 2019, le cabinet ouvre ses portes. Aurélie et Leslie reçoivent leurs premiers clients. Aurélie gère une bonne partie de l’administratif ce qui libère du « temps véto » à Leslie pour les consults et autres soins. Les deux sont gagnantes. Leslie n’aura pas forcément à grignoter sur son temps personnel pour boucler les tâches administratives, ni sur son temps d’exercice vétérinaire pur, celui qui permet de générer des rentrées d’argent indispensables au fonctionnement de la structure. Aurélie qui est salariée de son entreprise passe cadre avec l’adjonction à son poste d’auxiliaire de tâches à responsabilité. Elle s’épanouit auprès de Leslie et leur structure rencontre une belle réussite.

Les bienfaits de l'association vétérinaire/auxiliaire

Quand nous abordons ce sujet, Leslie dit elle-même « qu’il y en a tellement ! ». En premier lieu, Leslie y voit une façon concrète de valoriser son ASV. De mettre en avant ses compétences, ses choix, ses qualités professionnelles. Elle ajoute très vite que cette valorisation a aussi pour effet de fidéliser cette ASV. Là où un grand nombre d’auxiliaires finit par se reconvertir professionnellement, l’association permet d’engager l’ASV dans la vie de l’entreprise et donc de la motiver à rester !

Mais ça ne se limite pas à ça ! Au-delà de cette évidence, ce que Leslie et Aurélie m’expliquent à l’unisson c’est que leur complémentarité est leur force. Les caractères différents y sont pour quelque chose mais pas uniquement. La complémentarité vétérinaire / ASV est un véritable levier positif pour leur entreprise. Leurs visions du monde et de l’écosystème vétérinaire sont différentes. Elles apportent à chaque réflexion, à chaque décision leurs opinions personnelles et celles d’Aurélie sont parfois beaucoup plus proche « du terrain », ancrée dans « la vie bien réelle ». S’associer entre vétérinaires, c’est peut-être l’association de la ressemblance ? Nous sommes, nous vétérinaires, tous différents bien sûr, mais nous partageons un profil, un parcours, une expérience qui pourraient tout de même nous pousser vers une vision finalement assez commune de l’entreprise vétérinaire et de la direction à suivre, une sorte de biais lié à notre statut. Qu’en pensez-vous ? Elles, en tous cas, trouvent que le fait d’être chacune « d’un côté du miroir » leur donne une vision globale inestimable. Elles y ont trouvé une véritable force. Elles ajoutent aussi que de représenter chacune une des « deux professions » de l’écosystème vétérinaire les rend plus capables de comprendre les besoins de chacun, elles sont ouvertes aux opinions diverses et très à l’écoute de chaque membre de leur équipe qu’ils soient vétérinaires ou ASV !

A ce stade une dernière question me brule les lèvres. Comment leur association est-elle perçue ? Et, étonnamment (pour moi en tous cas), elles semblent toutes deux trouver ma question surprenante. Là où j’envisageais qu’elles aient pu rencontrer des « objections », elles ont en fait toujours reçu des réactions bienveillantes et positives. Ce qui les a surtout frappées, c’est que la plupart du temps quand elles expliquent être associées, la première réaction est l’étonnement : «  c’est possible ça ? ». Mais une fois cette barrière erronée est levée, alors vient le temps de l’intérêt bienveillant, que ce soit de la part des clients, des confrères ou consœurs, des auxiliaires vétérinaires et de tous les autres professionnels de l’écosystème vétérinaire.


À l’heure où les auxiliaires, dans leur grande majorité, clament à qui veut bien l’entendre qu’ils et elles ont besoin de reconnaissance et de valorisation, la piste de l’association des ASV dans les structures de soins vétérinaires ne serait-elle pas une option majeure à considérer ? Quand 52% des auxiliaires en reconversion déclarent que « leur » vétérinaire aurait pu faire quelque chose pour les retenir, ne serait-ce pas une solution ? Je remercie en tous cas Aurélie et Leslie pour leur témoignage positif et plein d’optimisme qui prouve que c’est possible !

 

Manuelle Hoornaert,
Vétérinaire & Rédactrice en chef

 

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