La médecine du travail est un circuit de santé différent de celui de notre médecin traitant. Leurs professionnels (médecins, infirmiers…) sont formés aux risques spécifiques qui varient selon les métiers. Ils sont donc des interlocuteurs privilégiés pour répondre à nos questions sur l’impact potentiel de notre travail sur notre santé : travail de nuit, exposition aux rayons X, dangers biologiques, contact avec les gaz anesthésiants… En effet, peu de métiers rassemblent autant de risques de nature différente que ceux de l’écosystème vétérinaire. Le suivi par la médecine du travail permet de travailler dans de bonnes conditions et si nécessaire, d’accompagner une adaptation de poste quand l’état de santé du salarié le nécessite.
La première visite : la visite d'information et de prévention dite Vip
Comme nous l’avons dit, le suivi par la médecine du travail est très différent du suivi fait par votre médecin traitant. Le médecin du travail va vous voir en consultation pour tout ce qui touche à votre état de santé au travail. Même si vous êtes en parfaite santé, les rendez-vous devront être honorés, c’est obligatoire. En effet, le but est surtout préventif, notamment en identifiant et en gérant les risques liés à votre activité professionnelle.
Si vous êtes salarié, la Vip est obligatoire dès lors que vous êtes engagé que ce soit avec un contrat de travail à durée indéterminée, déterminée, un contrat d’intérim ou même en cas de contrat d’apprentissage.
Cette première visite, anciennement appelée visite médicale d’embauche, a été requalifiée en visite d’information et de prévention (« Vip »). Elle doit être effectuée dans les 3 mois au maximum après le début de la prise de fonction, ramené à 2 mois en cas de contrat d’apprentissage. Dans de rares cas, cette visite doit être effectuée avant la prise de poste. C’est le cas notamment des postes pour du travail de nuit ou pour les travailleurs de moins de 18 ans.
La Vip permet de vous interroger sur votre état de santé et de vous informer sur les risques éventuels auxquels vous vous exposez dans votre poste de travail. Le cas échéant, des mesures préventives à mettre en œuvre sont données au travailleur. Dans le cadre de la médecine vétérinaire, la discussion tourne souvent autour des bonnes pratiques de radioprotection.
Un dossier médical en santé au travail est ouvert à la suite de cette première visite. Celui-ci compilera toutes les visites à venir. Un document est remis après chaque consultation à la fois à l’employeur et au salarié. Ce document qui portera la mention " apte " si le professionnel de santé vous juge apte à travailler à cote poste, est à conserver précieusement pendant au minimum 5 ans.
Notons qu’en cas de changement d’employeur pour un poste similaire avec un niveau de risque équivalent, la visite médicale d’information et de prévention n’est pas obligatoire si le salarié a une attestation de suivi ou un avis d’aptitude datant de moins de 3 à 5 ans selon le niveau de risque, l’âge du salarié et les conditions de travail.
Les visites médicales de suivi périodique
Après la Vip qui est donc la première visite, sont mises en place des visites dites « périodiques ». Ces visites permettent de réévaluer votre état de santé et vos conditions de travail. C’est également l‘occasion de poser vos questions et de demander conseil. Cependant, en dehors des visites réglementaires, vous avez la possibilité de demander à tout moment une visite avec le médecin du travail.
Toutes les visites médicales sont réalisées pendant votre temps de travail et vous percevez votre rémunération habituelle. Vous pouvez même être défrayé par votre employeur en cas de frais de transport pour vous rendre à la visite. La consultation est également prise en charge intégralement par l’employeur.
Le délai entre deux visites est fixé par le médecin du travail en fonction de plusieurs facteurs tels que votre âge, votre environnement de travail, les risques auxquels vous êtes exposés ainsi que votre état de santé. En règle générale, après la première visite, les visites de suivi périodique sont prévues au maximum tous les 5 ans. Cette durée est réduite à 3 ans dans certains cas particuliers (travail de nuit par exemple). Avant 2017, ce délai était de deux ans au maximum.
Depuis la loi « travail santé » de 2021, une visite médicale de mi-carrière, effectuée vers l’âge de 45 ans, a été rajoutée au suivi. Son but est similaire au suivi périodique, mais la sensibilisation aux enjeux du vieillissement au travail est également abordée.
Le médecin du travail, un interlocuteur privilégié en cas de difficultés physiques ou psychologiques
En cas de difficultés physiques ou psychologiques au travail, le médecin du travail est un interlocuteur à privilégier car il va pouvoir vous aider notamment en envisager d'adapter votre poste.
En dehors du suivi périodique, qui doit être réalisé de manière réglementaire afin de maintenir le risque pour les salariés à un niveau le plus faible possible, la consultation du médecin du travail peut se faire également pour d’autres raisons.
Prenons d’abord le cas des femmes enceintes. Le quotidien en clinique vétérinaire expose la future maman à de nombreux risques : port de charges lourdes, risque de contamination par la toxoplasmose, exposition aux rayons X et aux gaz anesthésiants… Il est donc primordial de demander conseil à un professionnel afin d’adapter au mieux le poste pour la future maman.
La salariée enceinte peut donc rapidement se tourner vers la médecine du travail. En plus des conseils, le poste sera adapté si nécessaire, et si possible, pour pouvoir assurer une grossesse sereine. En début de grossesse, il n’est pas toujours facile d’entamer le dialogue avec l’employeur, mais sachez que le médecin du travail est tenu au secret médical.
De plus, la détection des maladies psychiatriques, comme le diagnostic précoce d’un burn-out, peut être réalisée au sein de la médecine du travail. Le professionnel pourra suggérer des adaptations du poste et/ou diriger le salarié vers les professionnels de santé adaptés pour une prise en charge efficace.
Il en est de même pour les accidents, par exemple, à la suite d'un accident de la route, qui peuvent nous amener à revoir nos capacités à la baisse. Nous pouvons également citer le cas des travailleurs handicapés et des travailleurs de nuit, qui peuvent être amenés à rencontrer des difficultés dans leur quotidien au travail et pour lesquels des adaptations du poste de travail pourraient être envisagées.
Les visites médicales jouent un rôle préventif et informatif. Tout au long de votre vie active, vous êtes accompagnés pour identifier les risques liés à votre poste et mettre en place des moyens de prévention efficaces. La fréquence des visites est fixée par le professionnel de santé selon votre environnement, vos conditions de travail et votre état de santé. La médecine du travail a donc pour but d’éviter toute altération de la santé du travailleur du fait de son travail.
Mélissa Dastroy,
Vétérinaire
Ressources documentaires et bibliographiques :
[1] Loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail [En ligne]. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043884445 [Consulté le : 27 avril 2023] ;
[2] Loi n° 2016-1088 du 8 août 2016 relative au travail [En ligne]. Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000032983213 [Consulté le : 27 avril 2023] ;
[3] Ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion, Le suivi de l’état de santé des salariés, 18.06.21, mise à jour le 02.01.23, [En ligne]. Disponible sur : https://travail-emploi.gouv.fr/sante-au-travail/suivi-de-la-sante-au-travail-10727/article/le-suivi-de-l-etat-de-sante-des-salaries [Consulté le : 27 avril 2023] ;
[4] Service public, Médecine au travail : qu'est-ce que la visite d'information et de prévention (Vip) ? [En ligne] Disponible sur : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F34061 [Consulté le : 27 avril 2023].