Identifier les sources de stress
Au-delà de l’actualité que nous subissons, de nombreux événements de vie génèrent du stress ; en premier lieu, les relations de perte : de personne (deuil, séparation), d’animaux, de lieux connus (les changements de lieux d’exercice professionnel par exemple), d’argent (même si « plaie d’argent n’est pas mortelle », les difficultés financières sont très anxiogènes), de biens.
L’incohérence entre les buts poursuivis et les valeurs personnelles génère une nécessité d’adaptation qui a ses limites : travailler d’une façon qui est par trop en désaccord avec ses propres valeurs entraîne une dissonance cognitive, un décalage, qui n’est pas toujours compensé par la satisfaction financière.
Les relations difficiles avec les autres, la solitude et l’absence de relations affectives pèsent aussi lourdement dans l’équilibre psychique. Les petites contrariétés de la vie quotidienne, anodines de façon isolée, peuvent prendre de l’ampleur lorsqu’elles s’accumulent... L’environnement extérieur dans lequel nous vivons, tant professionnel que privé pour certains (bruit, odeur…) contribue aussi au stress.
Ajoutés à cela les relations anxiogènes avec des clients ou collègues au quotidien, les menaces et incertitudes professionnelles ou privées, la dévalorisation ou le sabotage interne dont certains sont prisonniers, les sources de stress sont nombreuses.
Le monde vétérinaire est particulièrement exposé à bon nombre de ces facteurs : contact régulier avec des propriétaires d’animaux souvent anxieux, parfois dépressifs, exigeants souvent plus encore vis à-vis de notre type de prestation de services que pour d’autres relations commerciales. La confrontation à la mort, à la tristesse des propriétaires est aussi notre lot quotidien. La pression de travail est souvent lourde pour les ASV, multitâches, exerçant dans des clientèles souvent en expansion. Le stress subi aussi par les vétérinaires (profession particulièrement touchée par les suicides) rejaillit malheureusement parfois sur les ASV…
Pour se battre contre un ennemi, il faut l’identifier ; une fois la chose faite, il ne reste plus qu’à trouver des armes pour le combattre.
Êtes-vous acteur ou réacteur ?
Face aux épreuves de la vie, on peut se comporter en tant qu’acteur, ne pas se laisser surprendre par les événements. Il faut pour cela avoir des capacités d’anticipation : identifier tout ce qui est susceptible d’arriver et prendre des mesures pour soit éviter les désagréments, soit mettre en œuvre des mesures pour s’adapter aux nouvelles situations. Il s’agit en quelque sorte d’être au bon endroit au bon moment. Par exemple, si un rachat de votre structure par un groupement d’investisseurs se profile, plutôt que de subir passivement des modifications de votre mode de travail, on peut réfléchir aux mesures à mettre en place pour minimiser les effets négatifs s’il y en a.
La capacité à prendre des décisions rapides est aussi un atout : les acteurs ont déjà pris leur décision alors que d’autres sont encore en train de délibérer… Le courage, c’est-à-dire agir vite et avec décision, permet aussi de prendre un risque calculé, face à une situation bien évaluée, plutôt que de remettre le problème à plus tard (et à long terme courir un risque plus grand).
Les acteurs sont souvent capables de vivre sous le stress et de voir comment évoluent les choses, alors que les personnes très stressées se cachent par rapport au stress, ou le nient. Ce ne sont pas les événements extérieurs qui déterminent si l’on est stressé, c’est au contraire quelque chose qui se trouve à l’intérieur de nous-même. Le psychiatre et éthologue Boris Cyrulnik a défini le concept de résilience qui démontre bien comment, face à des situations potentiellement extrêmement stressantes (telle que l’enfermement en camps), certains individus trouvent en eux-mêmes des ressources qui leur permettent de dépasser les difficultés aussi intenses soient-elles.
Comme l’écrivait Nietzsche, « ce qui ne tue pas rend plus fort »…
Nous pouvons décider d’agir de manière constructive, et, en prenant une initiative, de faire le premier pas vers la gestion du stress. Cette première phase est celle de la mobilisation. Il s’agit en fait de décider que l’on ne peut pas continuer ainsi, que quelque chose doit être fait. Les études montrent que 60 % des personnes stressées au travail n’ont aucun programme de gestion du stress. Elles ne savent pas reconnaître qu’il doit bien exister une meilleure façon de faire les choses. Ceci est dû en partie au fait que lorsque l’on est stressé, un sentiment d’inertie s’exerce à l’encontre de tout ce qui dépasse le simple effort de faire passer sa journée.
Se mobiliser face au stress n’est pas simple pour tout le monde, mais une fois la volonté trouvée au fond de soi-même, on peut modifier
à la fois certains éléments qui composent notre vie tant professionnelle que privée, et travailler sur sa façon d’appréhender les situations potentiellement stressantes. Quelques pistes peuvent aider à acquérir plus de sérénité (voir encadré), l’aide de professionnels de l’écoute est un plus pour beaucoup.
Le stress, finalement, c’est nous-même, et il ne tient donc qu’à nous de plus être stressé !
Christophe Deforet,
Vétérinaire et psychologue clinicien
Retrouvez cet article et bien d'autres dans l'auxiliaire vétérinaire, la seule revue dédiée aux ASV !