Avant d’envisager de franchir la frontière, il faut tout de même connaître quelques détails. En Suisse, les semaines de travail pour un temps plein, comptent en général quarante-trois heures soit tout de même huit heures de plus que chez nous. Cependant, comme en France, cinq semaines de congés payés annuelles sont prévues par le Code du travail. Pour le salaire, des recommandations minimales sont émises chaque année, avec une tendance à la hausse en 2024. Il faut compter environ 60 000 euros bruts annuels en début de carrière. Il est important de mettre ce salaire en relation avec le coût de la vie en Suisse, bien plus élevé qu’en France. Voyons donc en détails, les spécificités du métier d’auxiliaire vétérinaire, cette fois-ci chez nos voisins suisses.
Une formation en alternance délivrant un certificat fédéral
La formation permettant d’accéder à la profession d’assistant vétérinaire en Suisse s’effectue en alternance sur une durée de trois ans. Elle comprend un jour par semaine à l’école et quatre jours en clinique vétérinaire, avec également trente jours de formation inter-entreprises répartis sur l’ensemble du cursus.
Il existe actuellement cinq écoles qui délivrent le certificat en Suisse : be-med Bern, Centro professionale sociosanitario Giubiasco, École Panorama Lausanne, Frei’s Schulen Luzern et Juventus Zürich. Le cursus en français est disponible à l’école de Lausanne. Ces écoles sont accessibles aux personnes ayant validé le cursus secondaire.
Le site de l’ATP-AMV propose une liste des vétérinaires suisses susceptibles d’offrir une place dans leur clinique pour l’alternance. À la fin des trois années d’études, les étudiants obtiennent le certificat fédéral de capacité (CFC), réglementé par la loi fédérale sur la formation professionnelle depuis 1995, année de la reconnaissance du certificat par l’Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et du travail (OFIAMT). Avant cela, et depuis 1987, l’apprentissage était organisé par la Société Vétérinaire Suisse (SVS).
Chaque année, environ deux cents étudiants sont diplômés dans toute la Suisse. Ce chiffre augmente chaque année, avec un record en 2024, durant laquelle 239 certificats ont été délivrés. Une preuve que le métier d’assistant vétérinaire suscite de plus en plus de vocations chez nos voisins aussi.
Un maillon indispensable de la clinique vétérinaire
Sans surprise, le rôle des assistants vétérinaires en Suisse est fondamental au sein des structures vétérinaires. Le métier est largement implanté, et il est rare de trouver des cliniques vétérinaires canines sans assistants.
En Suisse, on retrouve également ce métier dans les cliniques rurales et équines, bien que ces postes représentent environ un tiers des emplois, contre deux tiers en clinique canine. Les autres secteurs, tels que l’industrie, les refuges et les parcs zoologiques, sont largement minoritaires.
On retrouve les tâches habituelles comprenant l’administratif (accueil physique et téléphonique, règlement des factures…), le conseil, l’aide à la contention, les soins aux hospitalisés, les analyses de laboratoires ainsi que l’hygiène et l’entretien. Cependant, les actes médicaux réalisés par les AMV sont plus nombreux que ceux permis en France. Il est en effet courant de réaliser une castration de chat, d’effectuer un détartrage, de poser un cathéter ou de faire une prise de sang. Cela rend le métier très attractif avec une valorisation des compétences.
Interview de Céline, AMV depuis 4 ans à Genève
Quel est ton parcours ?
J’ai réalisé trois années de formation en alternance à l’école de Lausanne. Après mon diplôme, j’ai été embauché dans ma clinique canine de formation.
Quelles sont tes tâches quotidiennes ?
Elles sont très variées. Il y a de l’administratif (c’est ce que j’aime le moins), de l’hygiène (c’est très important dans notre métier), la réalisation des examens complémentaires, l’aide en consultation, les soins aux hospitalisés et l’aide en chirurgie (ce que je préfère). Nous réalisons la narcose des animaux et la surveillance d’anesthésie. Nous pouvons réaliser les détartrages simples. C’est très satisfaisant ! Nous avons de la chance en Suisse, les clients sont exigeants, mais pour la majorité très gentils.
Es-tu satisfaite de ton niveau de rémunération ?
Le salaire est correct pour un début de carrière. Avec l'expérience, et les formations, il est possible de gagner plus. Le salaire est vraiment évolutif, ce qui est valorisant et motivant. Le salaire en début de carrière est d’environ 57 000 francs suisses. Il faut prendre en compte le coût de la vie éleve en Suisse, surtout pour le logement et les assurances.
As-tu trouvé facilement un emploi après ton diplôme ?
Oui, il y a régulièrement des offres d’emploi, surtout pour les postes en clinique canine. C’est donc en ville que l’on retrouve la majorité des opportunités. La formation en alternance permet de se créer des contacts et souvent les étudiants sont embauchés dans leur clinique de formation après leur diplôme.
Quel conseil donnerais-tu aux candidats AMV étrangers ?
Pour travailler en Suisse avec un diplôme étranger, il faut d’abord faire reconnaître ses qualifications. Je recommande aux candidats de faire un stage afin d‘être sûrs de leur choix. Notamment pour la charge de travail (43 heures versus 35 heures) et les nombreuses responsabilités. Cela permet également de se créer un réseau, car la Suisse francophone n’est pas très grande.
Des recommandations salariales émises par la Société Vétérinaire Suisse
Quand on évoque le travail en Suisse, on imagine un salaire très confortable, bien plus élevé qu’en France. En effet, d’après l’OCDE, le salaire moyen en Suisse est d’environ 67 409 euros bruts annuels. De quoi faire rêver leurs voisins européens, surtout les frontaliers. Cependant, ce salaire, bien que perçu comme avantageux, doit être mis en parallèle avec le niveau de vie local. Le coût de la vie en Suisse pour les principaux postes de dépenses (logement, transport…) est supérieur de 60 % à la moyenne européenne. De plus, les Suisses ne bénéficient pas des mêmes avantages sociaux que les Français.
Le salaire des assistants vétérinaires n’est pas encadré et suit les recommandations de la Société Vétérinaire Suisse. Ces recommandations sont données pour un temps de travail hebdomadaire de quarante-trois heures et cinq semaines de congés payés annuelles. Le temps de travail à temps plein est en général situé entre quarante et quarante-cinq heures par semaine. Pour un assistant débutant, le salaire brut annuel minimum est de 56 490 francs suisses, soit environ 60 000 euros. Après cinq années d’expérience, il atteint 63 839 francs suisses, soit environ 68 000 euros bruts annuels.
S’expatrier en Suisse avec un diplôme français
Malgré sa proximité avec la France, la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne. Il est donc nécessaire de faire valider son diplôme européen pour pouvoir y travailler. Les démarches sont alors purement administratives.
Il faut commencer par se créer un compte CH-Login. Une fois le compte créé et validé, il faut remplir un formulaire sur la plateforme du SEFRI et fournir les documents demandés (pièce d’identité, diplôme…). La demande est ensuite examinée. Un envoi postal certifié conforme du diplôme est nécessaire. Des frais sont appliqués pour obtenir une équivalence. Ils s’élèvent à cinq cent cinquante francs suisses. Quatre à six mois sont nécessaires avant de recevoir une réponse par courrier postal. Si besoin, des mesures de compensation sont mises en place, sous la forme d’un stage d’adaptation ou d’un examen d’aptitude. Le processus est donc long et onéreux, mais réalisable.
La Suisse offre donc des opportunités pour les assistants en médecine vétérinaire, avec un travail valorisé et varié, ainsi qu’un salaire attractif, surtout pour les frontaliers français qui restent vivre en France. Une équivalence est nécessaire pour passer la frontière, et les démarches administratives sont assez longues et coûteuses. Il faut également pouvoir se faire une place dans la petite partie francophone de la Suisse, le nombre de diplômes locaux étant de plus en plus nombreux.
Mélissa Dastroy
Vétérinaire
Ressources documentaires et bibliographiques :
[1] Le magazine web des auxiliaires vétérinaires. En Suisse, formation d'AMV Assistant(e) en Médecine Vétérinaire [En ligne]. Disponible sur https://asvinfos.com/devenir-auxiliaire-veterinaire-asv/1467-en-suisse-formation-damv-assistante-en-medecine-veterinaire.html [Consulté le : 2 novembre 2024] ;
[2] TPA AMV. Assistant(e) CFC en médecine vétérinaire [En ligne]. Disponible sur https://www.tpa-amv.ch/fr/ [Consulté le : 2 novembre 2024] ;
[3] L’Assemblée fédérale de la Confédération suisse. Loi fédérale sur la formation professionnelle du 13 décembre 2002 (État le 1er juillet 2024. [En ligne]. Disponible sur https://www.fedlex.admin.ch/eli/cc/2003/674/fr [Consulté le : 2 novembre 2024] ;
[4] Association Suisse des assistante(e)s en médicine vétérinaire. Assistant/e en médecine vétérinaire OFFT. [En ligne]. Disponible sur https://vstpa.ch/fr/metier-2/ [Consulté le : 2 novembre 2024] ;
[5] CSFO. Assistant( e) en médecine vétérinaire CFC. [En ligne]. Disponible sur https://www.orientation.ch/dyn/show/1900?id=18 [Consulté le : 2 novembre 2024] ;
[6] Société des vétérinaires suisses. Recommandations salariales 2024. [En ligne]. Disponible sur https://www.tpa-amv.ch/fileadmin/user_upload/TPA/Dokumente/Arbeitgebende_Lehrpersonen/Recommandations_salariales_AMV.pdf [Consulté le : 2 novembre 2024] ;
[7] SEFRI .Effectuer une demande d’équivalence. [En ligne]. Disponible sur https://www.sbfi.admin.ch/sbfi/fr/home/formation/reconnaissance-de-diplomes-etrangers/procedure-de-reconnaissance-lors-dun-etablissement-en-suisse/procedure-au-sefri/deroulement-et-duree.html [Consulté le : 2 novembre 2024].
La rédaction vous conseille