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ASV francophones à travers le monde – Épisode 1 : la Belgique

Crédit photo © kovop58 - stock.adobe.com
Le métier d’auxiliaire spécialisé vétérinaire est aujourd’hui bien implanté en France. D’ailleurs, il est désormais difficile d’imaginer une structure vétérinaire française sans ASV, tellement votre travail est indispensable à leur bon fonctionnement. Pourtant, en Belgique, ce métier peine à s’implanter et certains cabinets vétérinaires fonctionnent encore sans cette précieuse aide. Historiquement, l’organisation du réseau vétérinaire en Belgique n’a, en effet, pas favorisé la généralisation de ce métier. Pourtant, les candidat·e·s pour épauler les vétérinaires au quotidien sont nombreux·ses et motivé·e·s.

Si, au départ, les quelques auxiliaires vétérinaires belges étaient formés « sur le tas » par embauche directe, des écoles ont ensuite créé des cursus complets menant au certificat de qualification d’assistant vétérinaire. De plus, le rôle des ASV en Belgique est également décrit et encadré par l’ordre vétérinaire du pays. Mais pour en savoir, plongeons ensemble dans l’univers et l’organisation du métier d’ASV chez nos voisins du Nord !

Un métier très récent

Il y a une vingtaine d’années seulement, le métier d’ASV en Belgique était soit inexistant, avec des vétos solos ou en associations qui géraient tout de A à Z, soit pratiqué par le ou la conjointe du praticien. En effet, les vétérinaires belges, même si cela semble évoluer, sont historiquement plutôt organisés en une multitude de petits cabinets qu’en grosses structures et ce, surtout dans les zones rurales. Dans ce contexte, il était encore, il y a peu de temps, difficile d’imaginer payer un assistant à temps plein. De plus, aucune formation officielle n’était disponible. En effet, la première école belge délivrant le certificat d'assistant vétérinaire date seulement de 2009.

Ainsi, le métier est d’abord apparu via la « formation sur le tas », avant que les choses ne s’organisent. Il est d’ailleurs encore possible à ce jour de se former directement auprès d’un vétérinaire après embauche. Certaines cliniques proposent même des « stages » rémunérés pour mettre le pied à l’étrier. En Belgique, il n’existe en pratique aucune obligation de détenir un diplôme particulier pour travailler en tant qu’auxiliaire vétérinaire.

De métier nouveau, il est vite devenu un métier prisé et très recherché. Les postes libres sont rares et le taux d’emploi en sortie d’école est d’environ 60 %. Dans la majorité des cas, ce sont les cabinets « petits animaux » qui recrutent. Les offres d’emploi d’ASV en structures mixtes ou équines sont ainsi beaucoup plus rares.

Interview de C., ASV depuis 6 ans dans le brabant wallon

Quel est ton parcours ?

Diplômée en 2017 d’une haute école, il a été très long et compliqué de trouver un poste. J’ai été engagée dans un clinique vétérinaire canine, courant 2018.

Quelles sont tes tâches quotidiennes ?

Mes activités principales sont du rangement, du ménage, de la vente, du secrétariat et un peu de soins aux animaux (malheureusement trop peu à mon goût), de l’aide à la contention…

Es-tu satisfaite de ton niveau de rémunération ?

Le métier n’étant pas reconnu en Belgique, malgré un équivalent bac +3, je suis payée au SMIC. J’aimerais que mon salaire soit plus élevé.

Penses-tu que le métier est plus valorisé en France ?

Avec le système d’échelons, il est en effet plus facile d’avoir une bonne rémunération de l’autre côté de la frontière selon moi. Cependant en Belgique, c’est très disparate d’une clinique à l’autre. Tout est négociable !

Une pléthore de formations

La première école wallonne à proposer une formation sur 2 ans délivrant un certificat d’assistant vétérinaire est l’IEAFC de Fléron, en 2009. Elle a ensuite été suivie par l’IEPS de Dour en 2012. Les cours sont dispensés en journée, à raison d’une vingtaine d’heures par semaine, reparties en 6 à 7 demi-journées. Ces formations sont accessibles en sortie de secondaire inférieur (collège), sans prérequis particulier.

En 2017, l’IPES de Mouscron/Comines a mis en place une nouvelle formation. Il s’agit de cours du soir, se déroulant sur une période de 34 mois, et qui permettent l’obtention du certificat. Ce format permet un accès plus aisé en cas de reconversion professionnelle.

En 2011, l’institut Maria Goretti a de son côté proposé, dans le cadre d’un « troisième degré professionnel », une formation d’assistant en soins animaliers (ASA). À la différence de la certification assistant vétérinaire, cette formation est accessible dès la cinquième secondaire professionnelle (équivalent à la première d’un bac pro) et dure seulement un an. Le diplôme d’ASA permet de travailler en magasins spécialisés, refuges et parcs animaliers, mais aussi en structures vétérinaires. Cependant, d’après des vétérinaires interrogés par l’UPV (organisation professionnelle belge), le certificat d’assistant vétérinaire est souvent préféré à celui d’assistant en soins animaliers. En effet, il semble plus adapté au travail quotidien en structure vétérinaire.

Comme en France, certaines aides à la formation existent en Belgique. Le FOREM (équivalent belge de France travail, anciennement Pôle Emploi) propose, par exemple, des aides à l’embauche pour les vétérinaires employeurs via un plan de « formation-insertion », entraînant une réduction des cotisations sociales pour l’emploi d’assistants vétérinaires en formation. Ce dispositif favorise ainsi l’embauche.

Mais pour devenir ASV en Belgique, il existe encore d’autres voies. Il est possible, par exemple, de suivre un bachelier en haute école, avec finalité technologie animalière, en trois ans. Enfin, des formations en ligne, à distance, sont également disponibles. Ces formations se déroulent en général sur 6 à 12 mois, selon le rythme souhaité, et débouchent sur un certificat « d’auxiliaire vétérinaire », correspondant en France à un échelon 3.

Un métier peu encadré

Ce métier, très récent dans l’écosystème vétérinaire belge, n’est aujourd’hui pas encadré par une convention collective. Les modalités d’embauche sont donc assez variables. Sur le terrain, les contrats proposés sont, la plupart du temps, du salariat, à temps plein, à raison de 38 heures par semaine. Le salaire moyen en début de carrière est de 1 400 euros nets d’impôts. Il n’y a pas de système d’échelons comme en France. L’évolution du salaire se fait selon l’expérience et l’ancienneté, en accord avec le vétérinaire employeur. Il y a donc un large éventail de rémunération au sein de cette profession. Bien sûr, la réalisation de gardes et astreintes, assez commune dans le monde vétérinaire, vient s’ajouter à ce salaire de base.

Il est tout à fait possible, pour un auxiliaire vétérinaire travaillant en France de prendre un poste en Belgique, sans passer d’équivalence. Cependant, c’est plus souvent l’inverse qui se produit, avec des diplômés belges qui passent la frontière pour trouver du travail.

Interview de M., ASV depuis 7 ans dans la province de Liège

Quelle formation as-tu faite ?

Je me suis formée en Belgique, via la promotion sociale (système de formation professionnelle belge).

As-tu trouvé facilement un emploi après ton diplôme ?

J’avais effectué des demandes d’emploi dans un cercle de 1 heure de route autour de chez moi. J’étais prête à déménager si une occasion se présentait. Après 8 mois, j’ai eu la chance de trouver un poste à 10 minutes en voiture de chez moi, une aubaine.

Quelles sont tes tâches au quotidien ?

Absolument tout ce que les vétérinaires n’ont pas le temps de faire. Je suis seule ASV pour trois vétérinaires, donc je ne manque pas de travail !

Es-tu satisfaite de ton niveau de rémunération ?

Oui tout à fait ! Je touche environ 2000 euros net par mois pour 38 heures.

Cela me permet d’avoir le niveau de vie que je souhaite et d’être indépendante financièrement.

Penses-tu que le métier est plus valorisé en France ?

Je ne trouve pas qu’il y a une grosse différence par rapport à la Belgique. Cependant, certains d’entre nous aimerait un complément de formation pour être mieux considérés.

Un métier attractif et souvent pratiqué dans le cadre d’une reconversion

Comme en France, travailler avec les animaux est pour bien des passionnés, un véritable rêve. Si le métier d’ASV attire des jeunes en sortie de secondaire, il existe également des profils plus âgés, ayant déjà commencé leur carrière dans un autre domaine, et qui entame une reconversion. Le plus souvent, c’est la recherche de sens et l’envie de pratiquer un métier utile qui sont les moteurs de ce choix. La possibilité de côtoyer des animaux au quotidien est également un vrai plus.

Les actes réalisés par les ASV en Belgique sont encadrés par l’ordre vétérinaire belge. On compte notamment les soins aux animaux hospitalisés, la contention en consultation, l’entretien du matériel d’imagerie médicale et le conseil aux propriétaires d’animaux. L’auxiliaire pratique toujours sous responsabilité du vétérinaire. La supervision peut être directe ou indirecte. Les actes pratiqués en Belgique diffèrent donc peu de ceux pratiqués en France par les ASV.


Le métier d’assistant vétérinaire en Belgique mériterait aujourd’hui d’être mieux reconnu et encadré afin d’apporter des conditions de travail et de rémunération plus attractives pour les candidats passionnés qui voudraient s’essayer à ce beau métier. Cependant, les voies de formation sont très nombreuses, et s’adaptent au projet de chaque candidat, aussi bien en sortie de secondaire que lors d’une reconversion.

 

Mélissa Dastroy,
Vétérinaire

 

L'autrice remercie chaleureusement le Dr vet. Poizat, de l’IEPS- EAFC Fléron Charlemagne pour son aide à la rédaction de cet article ainsi que les deux assistantes vétérinaires belges pour leurs témoignages.

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] Magazine web des auxiliaires vétérinaires. En Belgique formation d’assistant en soins vétérinaire [En ligne]. Disponible sur : https://asvinfos.com/devenir-auxiliaire-veterinaire-asv/1465-en-belgique-formation-dauxiliaire-en-soins-veterinaires.html [Consulté le : 02 juillet 2024] ;

[2] Insititut de promotion sociale. Section assistant vétérinaire [En ligne]. Disponible sur : https://www.promotion-sociale.be/formation/assistant-veterinaire/ [Consulté le : 02 juillet 2024] ;

[3] IEPS – EAFC Fléron Charlemagne. Formation assistant vétérinaire. [En ligne]. Disponible sur : https://assistant-veterinaire.be [ Consulté le : 02 juillet 2024] ;

[4] WageIndicator 2024 . Techniciens et assistants vétérnaires. [En ligne]. Disponible sur : https://votresalaire.be/carriere/belgique-job-et-de-salaire/belgique-techniciens-et-assistants-veterinaires [ Consulté le : 02 juillet 2024] ;

[5] Ordre des médecins vétérinaires. Conseil Supérieur du 23 mars 2023, intégration des technologues clinique animaliers et des soigneurs animaliers dans l’exercice de la médecine vétérinaire. [En ligne]. Disponible sur : https://www.ordre-veterinaires.be/documents/2023_10_19_ASV_CODE_DE_CONDUITE.pdf [Consulté le : 02 juillet 2024] ;

[6] Veterinaria, bulletin d’information de l’union professionnelle vétérinaire, septembre / octobre 2012 . Assistant vétérinaire. . [En ligne]. Disponible sur : https://upv.be/wp-content/uploads/2019/03/veterinaria-6-2012.pdf [ Consulté le : 02 juillet 2024].

 

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