Guillaume Dutil, DMV, Board éligible au collège européen de neurologie (ECVN), CHV Atlantia
L'épilepsie est un trouble neurologique caractérisé par des crises convulsives récurrentes dues à une activité électrique cérébrale anormale. Elle peut être idiopathique (sans cause sous-jacente) ou structurelle (avec une cause identifiée, par exemple, une tumeur ou une inflammation).
Les crises convulsives peuvent se manifester sous différentes formes : généralisées ou focales, tonique, clonique ou tonico-clinique...
La phase pré-ictale est souvent difficile à observer. La crise dure généralement quelques secondes à quelques minutes. La phase post-ictale va durer quelques minutes à plusieurs heures/jours avec différents signes cliniques possibles (abattement, désorientation, polyphagie, déambulation, agressivité, amaurose…).
Le diagnostic de l’épilepsie canine repose sur une anamnèse détaillée avec si possible des vidéos, un examen neurologique et des examens complémentaires (bilan sanguin complet, analyse d’urine, scanner/IRM, ponction de LCR, électroencéphalogramme).
Le diagnostique d’une épilepsie idiopathique se fait par exclusion des causes structurelles.
En tenant compte de l’état individuel de santé du patient ainsi que des éventuelles difficultés des propriétaires (mode de vie, budget, motivation), un traitement à long terme est à initier lorsqu'un des critères suivants est présent :
2 crises ou plus en 6 mois ;
Status epilepticus ou crises groupées ;
Dès la première crise en cas de phase post-ictale importante (agressivité, cécité) ou longue (plus de 24 heures) ;
La fréquence et/ou la durée des crises augmentent et/ou la sévérité des crises se détériore sur 3 périodes inter-ictales.
Les traitement anticonvulsivants doivent être mis en place progressivement, les uns après les autres. Si un patient est en bonne santé, les traitements doivent être augmentés ou ajoutés par ordre de priorité, tant que les crises ne sont pas gérées (absence de crise ou réduction de la fréquence des crises d'au moins 50 % ou réduction de la sévérité des crises).
Le premier choix sera l’initiation de phénobarbital ou d’imépitoïne.
Phénobarbital :
Posologie initiale : 2,5 à 3 mg/kg toutes les 12 heures.
Suivi : dosage sérique 2 semaines après initiation ou changement de dose, puis tous les 3 à 6 mois, puis tous les ans avec un bilan sanguin si les crises sont gérées.
Effets secondaires : les effets secondaires fréquentes incluent de l’abattement, de l'ataxie, de la polyphagie/PUPD. Des troubles hépatiques ou d’autres réactions au traitement sont possibles.
Adaptation : si le patient ne présente pas d’amélioration avec la mise en place du traitement, il devra être progressivement augmenter (0,5mg/kg par prise par exemple) pour atteindre la valeur supérieure de l’intervalle thérapeutique sanguin (35 à 40 mg/L). Une fois la valeur maximale atteinte, un autre traitement pourra être ajouté (imépitoïne (si aucune contre-indication) ou bromure de potassium).
Imépitoïne :
Posologie initiale : 20 mg/kg, toutes les 12 heures.
Suivi : pas de concentration sérique à suivre
Effets secondaires : similaires au phénobarbital mais moins fréquents et/ou moins importants
Adaptation : si le patient ne présente pas d’amélioration avec la mise en place du traitement, la dose doit être augmentée à 30mg/kg et, en cas de non-amélioration, un autre traitement pourra être ajouté (phénobarbital en priorité puis bromure de potassium).
Contre-indication : en cas de crises groupées ou de status epilepticus, l’imépitoïne ne devra jamais être utilisé (il faudra donc mettre en place du phénobarbital en première intention puis le bromure de potassium ensuite).
Si les premiers traitements n’ont pas été efficaces, alors le bromure de potassium est à ajouter aux autres.
Bromure de potassium :
Posologie initiale : 15 mg/kg, toutes les 12 heures.
Suivi : dosage sérique 3 mois après initiation ou changement de dose, sinon tous les ans.
Effets secondaires : identique au phénobarbital avec parfois des troubles digestifs importants en début de traitement.
Si les deux (en cas de non utilisation de l’imépitoïne) ou trois premiers traitements n’ont pas permis d’amélioration, alors du lévétiracétam pourra être mis en place (20-30 mg/kg toutes les 8 heures). Ce traitement peut également être utilisé pendant 2 semaines lors de l’initiation du phénobarbital, en attendant que la concentration sérique soit atteinte.
L’auteur déclare présenter un conflit d’intérêt car il participe à des formations sur le sujet pour le compte d'un laboratoire pharmaceutique.
Mise en ligne le 28 janvier 2025
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