Pr Lionel Zenner, Zoologie, Parasitologie et Maladies parasitaires, VétAgro Sup, Dipl. EVPC
La résistance aux anthelminthiques est la capacité héréditaire des parasites à survivre à des doses normalement efficaces. Ce phénomène génétique se développe par sélection des parasites résistants, favorisée par l'utilisation fréquente et inadéquate des mêmes molécules. Il est important de distinguer la résistance d'autres situations :
l'échec thérapeutique : Un traitement peut échouer pour diverses raisons (sous-dosage, mauvaise administration) sans impliquer une résistance génétique ;
la réinfestation rapide : Une nouvelle infestation peu après le traitement peut résulter d'une forte pression parasitaire environnementale et non d'une résistance.
La résistance se développe lorsque les parasites survivant au traitement transmettent leurs gènes de résistance à leur descendance.
La résistance des nématodes aux anthelminthiques chez le chien concerne aujourd’hui Ancylostoma caninum (voir photo 1), avec une évolution préoccupante en Amérique du Nord. Depuis les premiers cas en 1987 (résistance au Pyrantel) en Nouvelle-Zélande, la situation s'est aggravée avec l'isolement en 2019 aux États-Unis d'une souche multirésistante aux benzimidazoles et aux lactones macrocycliques.
Initialement détectée dans des élevages de lévriers Greyhound (voir photo 2), la résistance s'est étendue à d'autres types d'élevages et aux chiens de compagnie. Des cas de résistances multiples au pyrantel, au fenbendazole et à la milbémycine oxyme ont également été signalés au Brésil chez des chiens de compagnie en 2022. Deux mutations génétiques (F167Y et Q134H) associées à la résistance aux benzimidazoles ont été identifiées, avec une prévalence élevée aux États-Unis et au Canada. Bien que moins alarmante en Europe, le risque d'importation de parasites résistants reste réel.
La détection précoce et précise de ces résistances est cruciale pour une gestion efficace des parasites chez le chien. Plusieurs méthodes sont disponibles mais la méthode la plus utilisée sur le terrain est le Test de Réduction de l’Excrétion Fécale des Œufs (TREFO). Il consiste à comparer le nombre d'œufs dans les fèces avant et après le traitement anthelminthique.
La résistance aux anthelminthiques chez les carnivores domestiques, bien que moins répandue par rapport à d'autres espèces, représente un danger pour les vétérinaires praticiens. Nous devons être attentifs aux signes d'échec thérapeutique, surtout chez les chiens importés ou ayant voyagé en Amérique du Nord.
Lors de suspicions de résistances, des coproscopies avant et après traitement sont nécessaires pour identifier les parasites et évaluer l'efficacité du traitement. Il faut également isoler l'animal, éliminer rapidement ses matières fécales et envisager des protocoles alternatifs.
En prévention, il est important de réduire l'utilisation d'anthelminthiques en médecine préventive et de pratiquer plus de coproscopies de contrôle avant de traiter.
À ce jour, aucun cas de résistance aux anthelminthiques n'a été rapporté chez les parasites intestinaux des chats. Cependant, la vigilance reste de mise car les mécanismes de résistance pourraient potentiellement se développer à l'avenir chez les helminthes félins, notamment chez les chats d'élevage ou vivant en collectivité.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 11 mars
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