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L’HYPERthyroïdie canine, quand la suspecter et comment l'investiguer

Géraldine Heillaut Dalibard , docteure Vétérinaire,  titulaire d'un CEAV de médecine Interne des animaux de compagnie  et d'un DIE de comportement des carnivores domestiques

L’hyperthyroïdie est rarement rencontrée chez le chien, mais elle existe. Elle est notamment décrite dans le cadre de carcinomes thyroïdiens qui représentent entre 1 et 3 % des néoplasies canines. Néanmoins, ces carcinomes thyroïdiens sont souvent non sécrétants1 et l’espèce canine semble d'ailleurs assez tolérante à la " supplémentation " en hormones thyroïdiennes. Les thyréotoxicoses iatrogènes sont ainsi peu décrites dans la littérature. Il s’agit, la plupart du temps, de chiens ayant du mal à éliminer l’hormone en raison d’insuffisance de la fonction hépatique et/ou rénale2.

De manière anecdotique, d'autres cas d'hyperthyroïdie canine ont été rapportés comme le cas d'un chien coprophage consommant les selles d’un autre chien lui-même supplémenté en hormones thyroïdiennes.

Certains aliments, notamment, mais pas exclusivement, les régimes à base de viande crue de mauvaise qualité peuvent aussi être responsable d’une thyréotoxicose. Dans un cas décrit, les ingrédients utilisés comportaient les thyroïdes des animaux consommés et ce en grande quantité (régime globalement riche en protéines). Par conséquent, des quantités importantes d’hormones thyroïdiennes étaient ingérées par le chien2.

 

Les symptômes évocateurs

Les signes cliniques3 sont comparables à ceux observés chez le chat et reflètent l’augmentation du métabolisme.

On peut observer :

  • une perte de poids ;

  • une augmentation de l'appétit ;

  • de l'excitabilité ;

  • une polyuro-polydispsie ;

  • des vomissements ou de la diarrhée 

  • de la tachycardie.

 

Points clés

  1. L'hyperthyroïdie canine se manifeste par des signes cliniques d’hypermétabolisme.
  2. La cause principale est le carcinome thyroïdien même si les carcinomes thyroïdiens ne sont généralement pas sécrétants.
  3. Une origine alimentaire doit faire partie du diagnostic différentiel étiologique.
  4. Les thyréotoxicoses iatrogènes sont rarement observées.

 

 

La démarche diagnostic

Lors de la découverte de symptômes évocateurs d’une hyperthyroïdie, un dosage de la T4 et de la TSH permet de confirmer le diagnostic.

Une investigation précise du régime alimentaire et de l’environnement est alors nécessaire. Il n’est généralement pas faisable de doser les hormones thyroïdiennes dans l’aliment. Le dosage de la teneur en iode pourrait apporter un début de preuve.

Si le régime n’est pas en cause, la recherche d’un carcinome thyroïdien doit être entreprise. Ce cancer se présente classiquement comme une masse cervicale ventrale. Cependant, ces carcinomes peuvent également être ectopiques (50 % des chiens présentent du tissu thyroïdien ectopique) et se trouver dans le médiastin crânial, à la base du cœur ou sous la langue. En effet, 7,5 % des carcinomes thyroïdiens sont sublinguaux. La scintigraphie, le scanner ou l’IRM peuvent permettre de localiser la lésion et d’évaluer son extension. L’aspiration à l’aiguille fine n'est généralement pas la méthode de choix et la biopsie est souvent préférable pour établir le diagnostic4.

 

Le traitement

Dans le cas d’une thyréotoxicose iatrogène ou alimentaire l’arrêt de la supplémentation s’accompagne généralement d’une récupération clinique2.

Dans le cas du carcinome thyroïdien, un bilan d’extension locorégional et à distance (poumon) permettra d’établir un plan de traitement. Ces carcinomes s’accompagnent cependant d’un pronostic assez sombre notamment dans leur localisation cervicale.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • [1] Pauli Bezzola. Thyroid carcinoma and hyperthyroidism in a dog.  Can Vet J Volume 43, February 2002.
  • [2] Isidori M, Corbee RJ, Kooistra HS. Food-induced thyrotoxicosis in a dog. Vet Rec Case Rep. 2024;e975. https://doi.org/10.1002/vrc2.975.
  • [3] Mark E. Peterson, DVM, DACVIM-SAIM, Janice E. Kritchevsky. Disorders of the Thyroid Gland in Dogs, MSD veterinary manual
  • [4] M.R. Broome, M.E. Peterson, and J.R. Walker Clinical Features and Treatment Outcomes of 41 Dogs withSublingual Ectopic Thyroid Neoplasia J Vet Intern Med 2014;28:1560–1568

Mise en ligne le : 1 octobre 2024

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