Se connecter

Le “ headshaking ” du cheval, une affection toujours aussi mystérieuse ?

Ludovic Tanquerel, docteur vétérinaire, Dipl. ECEIM, DACVIM-LA, Maître de conférences en médecine interne équine, EnvA

Le “ headshaking ” est une affection neurologique du cheval qui atteint le nerf trijumeau. D’origine inconnue, caractérisée par des mouvements de tête incontrôlables au repos ou à l’effort, elle cause une douleur plus ou moins importante qui peut rendre les chevaux inutilisables, voire dangereux et peut aboutir dans certains cas à une euthanasie.

Physiopathologie et signes cliniques

Les signes cliniques sont variables en intensité et sont caractérisés par des mouvements de tête violents (généralement verticaux) et des frottements du nez contre les membres ou les murs. Dans la plupart des cas, les signes ne sont présents que pendant une activité physique, mais dans les formes sévères ils peuvent être observés au repos (Photo 1).

Plusieurs éléments peuvent déclencher une crise (vents, pollen...). La majorité des chevaux atteints présentent une accentuation des signes au printemps et à l’été, et une résolution pendant les autres saisons. Une forme particulière est déclenchée par la lumière, on parle de “ headshaking photosensible ”.

En l’absence de cause évidente pouvant expliquer les signes cliniques, on parle de “ headshaking à médiation trigéminale ”. Le nerf trijumeau ne présente pourtant pas de lésion histologique mais son seuil de dépolarisation est plus faible et envoie des signaux douloureux inappropriés.

 

Diagnostic

Le diagnostic repose d’abord sur la présence de signes cliniques compatibles et sur l'identification des circonstances aggravantes.

Des examens complémentaires sont alors requis pour exclure une cause de headshaking qui nécessiterait un traitement spécifique : examen buccal, radiographies de la tête (sinus, dents, poches gutturales), endoscopie des voies respiratoires supérieures et des poches gutturales. Un scanner de la tête est l’examen de choix quand cela est possible.

Pour distinguer la forme photosensible, il faut faire travailler le cheval après le coucher du soleil afin de voir si les symptômes au travail sont améliorés. Concernant la forme à médiation trigéminale, des anesthésies locales du nerf sont recommandées pour confirmer le diagnostic (à condition que le cheval présente des symptômes le jour de la consultation avant l'anesthésie).

 

Points clés

  1. Le diagnostic clinique est facile mais il est important d’exclure les causes possédant un traitement spécifique.
  2. Une prise en charge multimodale est recommandée car aucun traitement n’est suffisamment efficace seul.
  3. La guérison totale est rare.

 

Traitement

De nombreux traitements sont possibles, mais avec une efficacité moyenne et souvent basée sur des études avec peu de chevaux.

En première intention des “nose-net” peuvent être mis en place pendant les séances d'exercice (photo 2) ou des lunettes anti-UV lors de forme photosensible.

Les principaux traitements médicaux sont la cyproheptadine (anti-histaminique) et la carbamazepine (anti-convulsivant), avec une amélioration chez 80 % des chevaux mais ces traitements sont interdits en compétition et sédatent légèrement les chevaux.

Récemment, l’électrostimulation du nerf infra-orbitaire (Photo 3) a été décrite et on rapporte une amélioration de 60 % des chevaux après 3 séances.

Enfin la chirurgie (mise en place d’un coil dans le forèrent infra-orbitaire) est possible dans les cas sévères répondant positivement à une anesthésie locale, mais de nombreux effets secondaires sont rapportés.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • Madigan JE, Kortz G, Murphy C et coll. Photic headshaking in the horse: 7 cases. Equine Vet. J. 1995;27(4):306-311 ;
  • Mills DS, Cook S, Jones B. Reported response to treatment among 245 cases of equine headshaking. Vet. Rec. 2002;150(10):311-313 ;
  • Newton SA, Knottenbelt DC, Eldridge PR. Headshaking in horses: possible aetiopathogenesis suggested by the results of diagnostic tests and several treatment regimes used in 20 cases. Equine Vet. J. 2000;32(3):208-216 ;
  • Pickles K, Madigan J, Aleman M. Idiopathic headshaking: is it still idiopathic? Vet. J. 2014;201(1):21-30 ;
  • Roberts VL, McKane SA, Williams A et coll. Caudal compression of the infraorbital nerve: a novel surgical technique for treatment of idiopathic headshaking and assessment of its efficacy in 24 horses. Equine Vet. J. 2009;41(2):165-170 ;
  • Roberts VLH, Bailey M, Equipens group et coll. The safety and efficacy of neuromodulation using percutaneous electrical nerve stimulation for the management of trigeminal-mediated headshaking in 168 horses. Equine Vet. J. 2020;52(2):238-243.

Mise en ligne le : 18 juin 2024

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15