Guillaume Belbis, docteur vétérinaire, Dipl. ECBHM
La transfusion sanguine est un acte peu réalisé en pratique rurale courante, même s’il s’agit d’une pratique intéressante dans certaines indications. Il est donc utile de connaître les principales informations pratiques sur cet acte.
Les bovins présentent 11 groupes sanguins : A, B, C, F, J, L, M, S, Z, R’, T’.
Parmi ces 11 groupes sanguins, seul le système J est impliqué dans des troubles (mineurs) lors de primo-transfusion en raison de la présence d’anticorps naturels anti-J chez certains bovins. Ces anticorps apparaissent dans les six premiers mois de vie.
Le risque de réaction à la transfusion lors de primo-transfusion est ainsi très faible chez les bovins, expliquant que l’intérêt de tester la compatibilité lors d’une première transfusion est très modéré. Un test de Coombs spécifique d’espèce peut être malgré tout envisagé, même si peu applicable en pratique.
Lors d’une transfusion de sang total, le receveur reçoit des globules rouges mais également des facteurs de coagulation et des protéines plasmatiques. La transfusion est ainsi indiquée lors :
d’anémie :
hémorragique (rupture de l’artère utérine, de l’artère vaginale...) (voir photo 2) ;
hémolytique (leptospirose, piroplasmose ou anaplamose, intoxication à la mercuriale...) ;
parasitaire comme lors de coccidiose.
de troubles de l’hémostase (intoxication aux rodenticides) ;
d’hypoprotéinémie sévère (chez le veau notamment qui n’a pas pris le colostrum).
En raison de la faible demi-vie des érythrocytes post-transfusionnel (12 à 72 heures), il faut comprendre que l’on ne peut pas corriger durablement une anémie par la transfusion. Des transfusions successives sont par conséquent à envisager, sur une période de moins d’une semaine (qui est le temps à partir duquel des anticorps anti-érythrocytaires apparaissent).
Comme vu précédemment, les risques de réaction lors d’une première transfusion sont faibles mais ne sont pas nuls. S’il est difficile de savoir au chevet d’un animal en ferme si un risque de non-compatibilité existe, il est recommandé de transfuser rapidement un faible volume (200/250 ml). En l’absence de réaction (tachycardie, tachypnée) le reste du volume est administré.
1) Quels critères pour transfuser ?
Les critères hématologiques pour la transfusion chez les bovins sont les suivants :
un hématocrite inférieur à 15 % (voir photo 3) ;
une protéinémie inférieure à 30 g/L chez les adultes, et inférieure à 45 g/L chez le jeune.
2) Estimation du volume à transfuser
Lorsque l'indication transfusionnelle est l'anémie hémorragique, l’objectif théorique est d’apporter l'équivalent de 25 à 40 % de la perte sanguine évaluée. Dans l'idéal, les pertes sont calculées après mesure de l’hématocrite du bovin, valeur qui sera par la suite comparée à l’hématocrite minimal normal.
Prenons un exemple : la transfusion d’un jeune veau de 650 kg, qui présente un hématocrite de 12 % (valeur basse normale : 28 %).
Chez un bovin adulte sain de 650 kg, le volume sanguin circulant représente 8 % de son poids vif, soit 52 litres de sang. Une règle de trois permet de déterminer que le volume sanguin circulant d’un bovin de 650 kg avec un hématocrite de 12 % est de 22 litres.
On peut par conséquent estimer la perte sanguine à 30 litres. On devrait par conséquent apporter entre 7,5 litres (apport de 25 % de la perte sanguine) et 12 litres de sang (apport de 40 % de la perte).
Bien évidemment ce volume est difficilement transfusable en ferme, ce qui rend l’intérêt de la transfusion chez le bovin adulte souvent limité en pratique courante. Il est bien plus facile de transfuser un jeune bovin, les volumes étant plus réduits (si le bovin de l’exemple pèse cette fois ci 100 kg, le volume à transfuser sera compris être 1,1 et 1,8 litres de sang).
Si la transfusion est réalisée sur des veaux ayant pris trop peu de colostrum, un volume de 20 à 40 ml/kg est alors recommandé.
3) Réalisation pratique
Le sang est collecté sur le donneur (optimalement, la mère de l’animal ou un frère/sœur). On peut prélever jusqu’à 20 % du volume sanguin du donneur.
Il n’existe pas de pochez commercialisée spécifiquement pour les grands d’animaux. Pour de faibles volumes, l’utilisation de poches pour les carnivores domestiques est envisageable. Sinon, on apportera dans le contenant du sang (bouteilles, poches) du citrate de sodium comme anticoagulant à raison de 2,5 % du volume prélevé. Le sang collecté doit être homogénéisé doucement avant transfusion.
Chez le receveur, un cathéter jugulaire est posé et idéalement hépariné pour limiter le risque de coagulation. Un transfuseur est également idéalement employé afin de limiter le passage de micro-caillots même si le risque chez le bovin est faible.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourrait influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 27 mai 2025
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