Lola Rousseau, DVM, Resident in training ECVDI® et Zoë Joostens, DVM, MSc EBVS® DipECVDI®, Equitom
La scintigraphie (synonymes : médecine nucléaire, « bone scan ») est une technique d’imagerie médicale couramment utilisée chez les chevaux pour examiner les affections osseuses. Elle consiste en l'injection d'une substance radioactive qui cible les zones d'activité ou de remodelage osseux accru. Il s'agit de la seule modalité d’imagerie médicale capable de visualiser l’ensemble du squelette du patient en une seule séance.
Le radiotraceur le plus couramment utilisé est le technétium-99m (99mTc), associé à un sel de diphosphonate. Après un échauffement minutieux en longe et la mise en place de protections sur les membres, le produit radioactif est injecté par voie intraveineuse.
L’émission de photons gamma est immédiate après l’administration, rendant le patient « radioactif ». Cette émission se déroule en trois phases : une phase vasculaire immédiate, une phase tissulaire rapide et une phase osseuse plus longue (à partir de 2 à 3 heures après l'injection).
Les images sont capturées à l’aide d’une caméra gamma, souvent au cours d’acquisitions courtes de 60 à 90 images de 1 à 2 secondes par région, et montrent la répartition du traceur dans le squelette. Un examen complet dure généralement entre 2 et 3 heures. À partir de 24 heures après l’injection, la radioactivité du patient a suffisamment diminué pour permettre sa sortie de la zone d’isolation.
La scintigraphie, réalisée sous sédation debout, permet d’imager l’ensemble du squelette du cheval (Fig. 1). Ce lien présente une animation illustrant un examen scintigraphique chez le cheval.
La scintigraphie est souvent recommandée pour explorer des boiteries complexes ou multiples, notamment lorsque plusieurs membres sont affectés ou que les anesthésies locales étagées se révèlent peu concluantes. Elle est également précieuse dans les cas de perte de performance inexpliquée, pour évaluer des lésions d’activité inconnue ou pour explorer des zones difficiles d’accès, comme le dos, le bassin ou l’épaule, qui peuvent être compliquées à examiner autrement en raison de la taille du cheval.
Par ailleurs, la scintigraphie est plus sensible pour détecter précocement des fractures ou traumatismes osseux suspectés en cas de boiterie aiguë sévère, avant que des changements ne soient visibles sur les radiographies.
Certaines conditions peuvent toutefois compliquer l’interprétation ou nuire à la qualité des images. Par exemple, chez les jeunes chevaux (moins de 2 à 3 ans), les plaques de croissance actives peuvent masquer d’autres lésions. De même, un échauffement insuffisant avant l’injection (en cas de boiterie sévère) ou un cheval facilement effrayé par la caméra peuvent entraîner des images de mauvaise qualité. Enfin, la scintigraphie est contre-indiquée chez les chevaux souffrant de maladies rénales, en raison du risque de néphrotoxicité lié aux diphosphonates.
Après le post-traitement, les images peuvent être affichées en niveaux de gris ou en couleur. Dans certains cas, une analyse objective des régions d'intérêt (ROI) est effectuée. Les zones présentant une augmentation du métabolisme osseux (appelées « hot spots », « captation » ou « IRU » – increased radiopharmaceutical uptake) peuvent être physiologiques et varient considérablement en fonction de l’âge, du niveau d’activité et de la discipline.
Un métabolisme osseux anormalement élevé peut être causé par des lésions de surcharge, un traumatisme, des arthropathies, des fissures, des fractures et bien d'autres affections.
Bien qu'aucune zone d'IRU ne soit spécifique à un trouble donné, l’intensité, la localisation et la distribution permettent généralement d’obtenir une bonne indication du processus pathologique en cours (Fig. 2 et 3).
Certaines considérations doivent toutefois être prises en compte. Une scintigraphie peut être faussement négative. Par exemple, dans le cas de fractures aiguës, plusieurs jours peuvent être nécessaires avant que l'activité ne soit clairement visible. En outre, une scintigraphie nécessite souvent d’être complétée par une autre modalité d’imagerie (radiographie, échographie, IRM ou scanner) pour détailler la lésion.
Les autrices déclarent ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le 21 janvier
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