Ludovic Tanquerel, docteur vétérinaire, Dipl. ECEIM, DACVIM-LA, Maître de conférences en médecine interne équine, EnvA
La maladie de Cushing, ou plutôt PPID (Pituitary Pars Intermedia Dysfunction), est l’affection endocrinienne la plus fréquente chez le cheval. Elle touche 20 % des chevaux de plus de 20 ans et jusqu'à 30 % des chevaux de plus de 30 ans.
Le diagnostic et la prise en charge thérapeutique font consensus, mais il convient de ne pas négliger le syndrome métabolique équin, deuxième affection endocrinienne du cheval, car de nombreux chevaux sont susceptibles d’être atteints par ces deux entités.
L’hypohyse du cheval comporte une partie spécifique appelée la pars intermedia, qui est sous le contrôle inhibiteur de l’hypothalamus via des récepteurs à la dopamine. Les chevaux atteints de PPID présentent une diminution de ce contrôle inhibiteur (lié probablement à un stress oxydatif chronique), ce qui est à l’origine du développement d’adénomes et de l’augmentation de la synthèse des hormones (notamment l’ACTH) par la pars intermedia.
Les signes cliniques sont variés, le plus fréquent étant l’hirsutisme (photo 1). Il n’est pas systématique (55 à 80 % des cas) mais il est pathognomonique du PPID. Les autres signes sont variables et incluent : fourbure, amyotrophie, abdomen penduleux, sudation, PUPD, léthargie, laxité tendeuse (photo 2), infections récidivantes, galactorrhée...
La confirmation du diagnostic repose sur des dosages sanguins. Le dosage basal de l’ACTH est l’examen de choix. Il ne nécessite pas de mettre le cheval à jeun, et peut être fait à n’importe quel moment de la journée. La prise de sang se fait sur tube EDTA, et le plasma doit être envoyé sous couvert du froid. Les valeurs de référence varient en fonction de la saison, il est donc important que le laboratoire fournisse ses valeurs pour une interprétation adéquate.
Si la suspicion clinique est forte mais que l’ACTH est dans les normes, il est alors indiqué de réaliser un deuxième dosage entre août et novembre car la différence entre les chevaux sains et malades est alors plus grande et le test est plus discriminant (photo 3).
Moins fréquemment utilisé, un test de stimulation à la TRH peut être fait pour les cas équivoques. Tous les autres tests ne sont plus considérés comme fiables (cortisol basal, freinage à la dexaméthasone).
Le traitement repose sur l’administration, à vie, d’un agoniste de la dopamine (pergolide : 2 µg/kg PO SID). Ce traitement est bien toléré, mais peut induire de l’anorexie (auquel cas il faut arrêter le traitement et recommencer à demi-dose quand l’appétit revient). Il convient également de se renseigner sur l’autorisation de ce traitement pour les chevaux en compétition sportive, car il peut être interdit dans certaines disciplines.
En un mois, l’attitude, la PUPD et la sudation s’améliorent. Pour l’hirsutisme, l’amyotrophie et l’abdomen penduleux l’amélioration est plus lente (jusqu’à 1 an).
Il est recommandé de réaliser un dosage de contrôle après 1 mois de traitement. En cas de normalisation du taux d’ACTH mais avec une mauvaise réponse clinique, il convient d’explorer une résistance à l’insuline pour exclure un syndrome métabolique équin. Ensuite, un contrôle annuel (toujours à la même période de l'année, à la même saison) est indiqué.
Selon les cas, des soins hygiéniques peuvent être utiles : tonte, prise en charge des infections (sinusite), contrôle du parasitisme, parage des pieds...
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 26 novembre 2024
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