Se connecter

Intérêts de la rachianesthésie chez le veau

Adelaïde Baert, docteure vétérinaire, Praticienne hospitalière des animaux de ferme de l'EnvA

De nombreux actes chirurgicaux, parfois lourds, sont couramment réalisés chez les veaux. Pourtant, l’arsenal thérapeutique pour l’anesthésie des ruminants est relativement réduit. Les protocoles décrits ayant souvent un degré d’analgésie modeste, il est alors nécessaire de les coupler à des méthodes d’anesthésie locale ou loco-régionale pour les actes douloureux. La rachianesthésie présentant un intérêt majeur dans de nombreuses interventions, il est indispensable que tout praticien soit à l’aise avec cette technique.

La rachianesthésie consiste à injecter un anesthésique dans l’espace sous-arachnoïdien. Elle provoque le couchage du veau en quelques minutes en paralysant les postérieurs, et l’analgésie de la région ombilicale, de l’abdomen caudal et des postérieurs. Il est préférable de faire une sédation par voie générale avant sa réalisation.

 

Comment réaliser une rachianesthésie ?

Matériel : aiguille de 40mm suffisante pour la majorité des veaux, aiguille de 50mm ou aiguille spinale pour les veaux de taille plus importante.

Posologie : classiquement, elle est réalisée avec une association de xylazine à 2 % (0,1ml/10kg) et d’un anesthésique local, soit la procaïne à 2 % (2ml/10kg) soit la lidocaïne (1ml/10kg).

Technique : l’aiguille est enfoncée dans l’espace lombo-sacré (L6-S1) jusqu’à obtention de LCR. Avant d’injecter, on peut retirer la quantité de LCR égale à la quantité d’anesthésique à administrer. L’association xylazine + anesthésique local permet une analgésie de l’abdomen caudal et de la région ombilicale en 5 à 10 minutes. Cette analgésie étant souvent insuffisante en avant de l’ombilic, il convient alors de réaliser une anesthésie traçante en avant de l’ombilic, notamment lors d’atteinte de la veine ombilicale.

 

Points clés

  1. En raison du faible pouvoir analgésique des principaux protocoles utilisés chez le veau (xylazine + kétamine, xylazine + kétamine + butorphanol, isoflurane), il est conseillé de les coupler avec une anesthésie locale ou loco-régionale appropriée.
  2. La rachianesthésie permet à elle seule un degré haut d’analgésie de la queue, du périnée, des membres postérieurs et de la paroi abdominale jusqu’à l’ombilic.
  3. Chez le veau, elle permet de réaliser la grande majorité des interventions courantes, à l’exception des chirurgies de l’œil, de l’écornage et des interventions sur les antérieurs.
  4. La lidocaïne doit être utilisée uniquement si le praticien considère la procaïne non adaptée. Il faut doubler la posologie de procaïne à 2% en comparaison avec celle de la lidocaïne à 2% pour obtenir des effets similaires.

 

Simple et peu coûteuse, cette technique est aussi efficace qu’une anesthésie gazeuse ou fixe sur une chirurgie ombilicale. Selon certaines études, elle a même permis d’obtenir des taux inférieurs de cortisolémie durant la chirurgie. Il serait donc vraiment dommage de s’en priver !

 

Procaïne ou lidocaïne ?

Aujourd’hui, seule la procaïne dispose d’une AMM pour la réalisation d’anesthésies locale ou loco-régionales chez les bovins. Le vétérinaire doit donc tenir compte de l’avis du CVMP de 2015 et prescrire pour la lidocaïne un délai d’attente de 15 jours pour le lait et de 28 jours pour la viande en production bovine, uniquement dans les cas où il considère que la procaïne n’est pas adaptée.

La lidocaïne possède un délai d’action plus rapide et une durée d’action plus longue. En revanche, la procaïne présente un effet vasodilatateur plus important et une toxicité moindre. Mais la différence la plus importante entre ces deux molécules se trouve dans la posologie : il faut doubler la dose de procaïne 2 % en comparaison avec celle de la lidocaïne à 2 % pour obtenir des effets similaires.

 

Alternatives locales et loco-régionales

Une anesthésie optimale est balancée et comprend une anesthésie locale ou loco-régionale. D’autres techniques que la rachianesthésie peuvent être utiles chez le veau : l’épidurale caudale (injection d’anesthésique entre les vertèbres et la dure-mère pour obtenir une analgésie de la queue, du périnée et de la vulve) mais aussi l’anesthésie du nerf cornual, le bloc de Peterson ou encore une anesthésie sous garrot (cf tableau).

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • Cassard H, Corbière F, Foucras G et coll. Techniques modernes de contention chimique et d’anesthésie chez les ruminants. Bulletin des GTV, Décembre 2018, n°92, 15-24 ;
  • Guatteo R, Poirier E, Relun A et coll. Lidocaïne ou Procaïne pour l’anesthésie locale ou locorégionale des bovins. Bulletin des GTV. Novembre 2022, n°108, 17-22.

Mise en ligne le : 30 juillet 2024

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15