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Défaut de fertilité et fécondité chez la vache : que rechercher ?

Guillaume Belbis, docteur vétérinaire, Dipl. ECBHM

L’« infertilité » en élevage bovin, tant laitier qu’allaitant, est une problématique importante d’un point de vue économique.

Avant toute chose, rappelons la différence entre fécondité et fertilité.

  • La fertilité est la capacité de la vache à être fécondée (« réussite à l’IA ou à la saillie »).

  • La fécondité correspond à la capacité de la vache à mener une gestation à son terme dans un temps donné (l’objectif classique « d’un veau par vache et par an », modulable selon les objectifs de l’éleveur).

La fécondité dans un troupeau peut être négativement impactée par :

  • l’infertilité des femelles ;

  • l’ infertilité des mâles ;

  • un défaut dans la gestion de la reproduction par l’éleveur ;

  • un arrêt de la gestation.

 

Quelles sont les causes possibles d’un défaut de fertilité des femelles ?

Les causes d’infertilité chez la vache sont multiples. Les hypothèses alimentaires sont à explorer en premier lieu :

  • déficit énergétique excessif en début de lactation (baisse de la NEC de plus d’un point entre le vêlage et la mise à la reproduction sur des vaches en état au vêlage, ou amaigrissement sur des vaches qui n’étaient pas en état au vêlage). Les effets sur la qualité ovocytaire du déficit énergétique sont de longue durée (près de 3 mois !). Le suivi de la concentration en β-OH après vêlage (photo 1) ou en AGNE avant vêlage permet le diagnostic mais aussi de cibler les animaux pour lesquelles un traitement de l’acétonémie est nécessaire ;

  • excès d’azote soluble (notamment lors de la mise à l’herbe) autour de l’insémination ;

  • hypocalcémie subclinique ;

  • déficit azoté ;

  • carence en vitamine A et en oligo-éléments.

Des causes infectieuses peuvent également impacter la réussite à l’insémination : les infections génitales (métrites et endométrites) créent un environnement peu favorable à la fécondation.

 

Quelles pistes explorer lors d’un défaut de fertilité venant du taureau ?

En cheptel allaitant, une absence de fécondation des femelles peut être secondaire à une infertilité du taureau. Plusieurs éléments sont à explorer :

  • la capacité à réaliser le saut (défaut d’aplomb, boiterie, douleur lombaire...) ;

  • la présence éventuelle de lésions péniennes ou du fourreau (photo 2) ;

  • la gestion de l’alimentation (la sous-alimentation forte avant la puberté mais aussi les excès d’état corporel – avant ou après la puberté - ont un impact négatif sur la spermatogénèse) ;

  • la présence de certaines maladies infectieuses ayant un impact direct sur la qualité de la semence, mais aussi indirect pour toutes les affections à l’origine d’hyperthermie (FCO, la MHE, la Brucellose ou encore la BVD) ;

  • l'ingestion de certaines mycotoxines (dérivés de l’ergot de seigle…) ;

  • les carences en oligo-élements (zinc, cuivre) et vitamines (notamment en vitamine A) peuvent avoir un impact, lors de carence sévère, sur la qualité de la semence.

 

Points clés

  1. Fertilité et fécondité sont deux choses différentes : la première concerne la capacité de la vache à être fécondée, quand la seconde décrit la capacité de mener une gestation à terme.
  2. Les défauts de fertilité de la vache doivent entraîner en premier lieu l'exploration des causes alimentaires.
  3. Les mâles peuvent être à l'origine de défaut de fertilité en élevage.
  4. Parmi les causes de mortalité embryonnaire ou d'avortement, les causes infectieuses sont à explorer.

 

Gestion de la mise à la reproduction par l’éleveur : que rechercher ?

La fertilité mais aussi la fécondité peuvent être impactées par la date de la mise à la reproduction après le vêlage :

  • Une augmentation de l’intervalle vêlage/1ère IA peut être une conséquence de certains troubles métaboliques (acétonémie subclinique, hypocalcémie subclinique) ou d’une augmentation des infections utérines post partum ;

  • Une mise à la reproduction trop précoce peut également conduire à une détérioration de la réussite à l’IA.

La détection des chaleurs lors d’insémination est également un point à objectiver (technique, temps alloué...).

 

Les causes d’interruption de la gestation à rechercher

Une fois la fécondation réalisée, la gestation peut s’interrompre rapidement (mortalité embryonnaire, avant 45 jours de gestation) ou plus tardivement (avortement).

Lors de mortalité embryonnaire précoce, des retours en chaleurs réguliers seront observés alors que lors de mortalité embryonnaire tardive, les retours apparaissent irréguliers. Les causes de ces mortalités embryonnaires sont multiples (élimination d’anomalie génétique, passage de BVD, hyperthermie...). Ces phénomènes ne sont pas rares : un taux de réussite à la 1ère IA de 60 à 70% est ainsi normal.

Les causes d’avortement sont multiples, notamment pour les causes infectieuses (Fièvre Q, Néosporose...) : lors d’avortements multiples, la réalisation de protocoles standardisés d’investigation (type OSCAR) permettent d’explorer les causes.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

Mise en ligne le : 15 octobre 2024

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