Annabelle Orszag, docteure vétérinaire
Les boiteries ont de nombreuses répercussions négatives en élevage laitier, tant au niveau individuel (bien-être animal) qu’au niveau de la filière (économie). Baisse de productivité, augmentation des frais de traitement, majoration du risque d’euthanasie… ces conséquences impactent directement l’éleveur et placent d’ailleurs les boiteries juste derrière les mammites en termes d’effets délétères sur la productivité. Si les publications sur la prévalence des boiteries sont relativement récentes, cette revue de la littérature regroupe les principales données dont on dispose et met en lumière des pistes d’amélioration pour les études à venir.
Le but de cette revue de littérature est d’estimer la prévalence globale des boiteries en élevages laitiers. L’analyse des études incluses devrait également permettre de présenter les différences entre études et entre élevages et d’évaluer une potentielle évolution de cette prévalence au cours du temps.
Les auteurs, Peter T. Thomsen, Jan K. Shearer, Hans Houe, ont effectué une revue de la littérature selon les recommandations les plus récentes (Prisma, 2021). N’ont été retenues que les études rédigées en anglais portant sur la prévalence de la boiterie chez les vaches laitières, dont les données provenaient de plus de 10 élevages et plus de 200 bovins, pour lesquelles les boiteries ont été évaluées par un professionnel (chercheur ou vétérinaire). Sur les 857 articles identifiés dans les bases de données avec les mots clés choisis, seuls 53 ont été inclus.
Les données ont été récoltées sur 414 950 vaches de 3 945 élevages répartis sur 6 continents (surtout Europe et Amérique du Nord) sur une période de 30 ans (1989-2020), pour des boiteries de score 3-5 (sur une échelle de 1 à 5). La prévalence moyenne de boiterie en élevage laitier est de 22,8 % mais elle varie beaucoup selon les études (de 5,1 % à 45 %) et même entre les élevages (de 0 à 88 %). Ce large intervalle montre que certains élevages ont des problèmes majeurs de boiterie tandis que d’autres parviennent à contrôler le problème.
Comme souvent dans une revue de la littérature, la disparité des études constitue la principale limite. Parmi les différences entre les publications, on retiendra les systèmes d’évaluation de la boiterie, les critères d’inclusion et d’exclusion des études retenues et l’absence de données sur les élevages. La définition de « boiterie sévère » par exemple ainsi que sa notation (grade 5 uniquement) ne sont pas toujours respectées. Si une boiterie est classée sévère avec un score de 4/5, on peut considérer que la prévalence moyenne des boiteries sévères (7 %) est surestimée.
Pour permettre une meilleure analyse et une comparaison plus fine des différentes études sur le sujet, il faudrait inclure systématiquement des données pertinentes sur les élevages et les bovins (races, conditions d’hébergement…) car ces facteurs influencent le risque de boiterie. De même, il serait judicieux que chaque étude détaille les critères d’inclusion et d’exclusion et donne des précisions sur la définition de « boiterie » ainsi que sur le système de notation.
L’autrice de cet article, comme les auteurs de la revue, déclarent ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 6 mai 2024
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