Suivi d'un chien mordeur : ne pas griller les étapes !

La première question à vous poser est de savoir si l'animal mordeur ou griffeur appartient à une espèce considérée comme « sensible à la rage ». En France, les principaux animaux concernés sont les chiens et les chats pour les espèces domestiques ; les renards et les chauve-souris pour les espèces sauvages. La surveillance ne concerne donc pas les petits mammifères comme les rongeurs ou les furets, ni les oiseaux.

Pour ces espèces sensibles à la rage, toute morsure ou griffure sur un humain doit entraîner la mise en place d'une surveillance sanitaire mordeur :

• de 15 jours pour une espèce domestique (chien, chat) ;

• de 30 jours pour une espèce sauvage apprivoisée (renard).

L’objectif de cette surveillance ? S’assurer que lors de la morsure/griffure, l’animal n’a pas pu transmettre la rage à la personne mordue/griffée. En effet, un animal domestique atteint de rage peut commencer à excréter du virus rabique jusqu'à maximum 15 jours avant de montrer des symptômes évocateurs de la maladie et ce jusqu'à sa mort qui est alors inévitable. En pratique, cela signifie que si l'animal mordeur ou griffeur est toujours vivant et qu'il ne présente aucun signe de rage à l'issue des 15 jours de surveillance sanitaire, il n'a pas pu transmettre la rage lors de la morsure/griffure.

En cas de morsure ou griffure d’un autre animal, la surveillance mordeur ne doit être déclenchée que si le département est officiellement considéré comme infecté de rage (si un cas de rage y a été déclaré récemment). Cela ne concerne cependant que les morsures ou griffures sur un animal domestique ou apprivoisé.

La surveillance sanitaire d'un animal mordeur en pratique

Lors des 15 jours de surveillance sanitaire, l’animal mordeur/griffeur doit être présenté à trois reprises à un vétérinaire détenteur de son habilitation sanitaire :

• 1^ère visite : au plus tôt après la morsure ou griffure, idéalement dans les 24 heures qui suivent l'incident ;

• 2^ème visite : 7 jours après la morsure/griffure ;

• 3^ème visite : 15 jours après la morsure/griffure pour un chien ou un chat (ou 30 jours après pour un animal sauvage apprivoisé).

Lors de ces visites, le vétérinaire vérifie l’identification de l’animal (si l'animal n'est pas valablement identifié, il doit l'être dès le début de la mise sous surveillance sanitaire), et l’examine à la recherche de symptômes de rage. Si aucun symptôme ne s’est déclaré dans les 15 jours, on considère que la morsure ou la griffure n'a pas pu être contaminante.

Quelques points importants autour de la surveillance sanitaire d'un animal mordeur/griffeur :

• l’animal doit être vu par le même vétérinaire sanitaire pour les trois visites, sauf dérogation des services vétérinaires ;

• pendant ces 15 jours, l’animal ne peut pas être vacciné contre la rage ;

• si l’animal est perdu, tombe malade, ou décède, cela doit impérativement être déclaré aux services vétérinaires. En cas de décès, les services vétérinaires peuvent demander des analyses sur le corps afin d'exclure le risque de rage ;

• l’euthanasie (ou l’abattage) d’un animal sous surveillance sanitaire est interdite, ou doit faire l’objet d'une autorisation par les services vétérinaires.

Le vétérinaire remplit pour chaque visite un certificat. Lors des deux premières visites, il s'agit de certificats provisoires qui attestent de l'absence de symptômes évocateurs de rage à ce stade ; puis lors de la dernière visite, il rédige un certificat définitif attestant que l’animal mis en observation n’a présenté à aucun moment de symptômes pouvant évoquer la rage. Ces certificats peuvent désormais être complétés directement sur l'espace I-Cad de l'animal mordeur/griffeur concerné.

Si l’animal n’est pas présenté à l’une des 3 visites, le vétérinaire doit en informer la police, ainsi que le directeur des services vétérinaires du département. Ce signalement engage alors la responsabilité pénale du détenteur de l’animal. 

Notez que toute morsure/griffure doit également être signalée à la mairie de résidence du propriétaire ou du détenteur de l'animal mordeur/griffeur.

Les frais engagés par le suivi sanitaire sont dus par le propriétaire ou le détenteur de l'animal.

L'évaluation comportementale des chiens mordeurs

Les chiens ayant mordu une personne doivent également faire l'objet d'une évaluation comportementale. Cette évaluation est réalisée par un vétérinaire inscrit sur la liste des vétérinaires évaluateurs, et devrait être réalisée pendant le délai de surveillance sanitaire. La liste des vétérinaires évaluateurs est accessible sur le site du conseil de l'ordre des vétérinaires.

Pour être évalué, un chien doit être identifié. Si le maire de la commune le demande, un chien ayant mordu un autre chien peut également être évalué. Les chats ne sont jamais concernés par l'évaluation comportementale.

L'objectif de cette évaluation comportementale est d'évaluer la dangerosité du chien. En effet, tout chien peut un jour mordre, c'est un comportement normal de l'espèce. Cependant, certains chiens présentent plus de risque que d'autres de déclencher des séquences d'agression dans certains contextes. L'évaluation comportementale permet de détecter les chiens les plus à risque de récidive ainsi que les contextes déclencheurs afin d'envisager la mise en place de mesures visant à limiter ce risque.

Le résultat de cette évaluation comportementale doit être renseigné sur I-Cad et envoyée à la mairie de la commune dans laquelle le chien est déclaré habiter et, le cas échéant, à toute autre mairie qui aurait fait la demande de l’évaluation.