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Lutter contre l'hypothermie, les bonnes pratiques

Géraldine Heillaut Dalibard , docteure Vétérinaire,  titulaire d'un CEAV de médecine Interne des animaux de compagnie  et d'un DIE de comportement des carnivores domestiques

Bien que fréquemment rencontrée en pratique, l’hypothermie est généralement délétère pour la santé des animaux. Par exemple, elle augmente le temps de réveil après une anesthésique et peut conduire au décès de l’animal. Il est donc utile de la prévenir ou de la traiter quand elle se produit.

Les causes de l'hypothermie

Les causes d’hypothermie se répartissent en causes primaires ou secondaires.

  • Causes primaires : exposition à des environnements froids (exemple : chute dans un lac gelé).

  • Causes secondaires : l'hypothyroïdie, l'hypo-adrénocorticisme, les maladies rénales, les affections cardiaques, l'hypotension ou le choc.

Les patients de petit format, jeunes ou âgés sont plus à risque de développer une hypothermie.

De plus, l'hypothermie induite par l'anesthésie est fréquente.

L’essentiel des pertes de chaleur se produit dans les 20 premières minutes qui suivent l'induction à l'anesthésie générale. Les causes multiples sont les suivantes :

  • une température ambiante basse de la salle de chirurgie ;

  • une table non isolée (en acier inoxydable) ;

  • l'inhalation de gaz froids et non réchauffés préalablement par les cavités nasales ;

  • la vasoconstriction causée par les médicaments ;

  • l'évaporation de l’alcool durant la préparation du site chirurgical ;

  • l'ouverture des cavités corporelles (abdomen par exemple).

 

Les moyens de lutte contre l'hypothermie

Il existe plusieurs méthodes dont certains peuvent être associées entre elles.

  • Augmenter la température de la salle ;

  • Sécher les animaux mouillés ;

  • Limiter la quantité d’alcool aspergée en dehors du site chirurgical ;

  • Couvrir les animaux : on peut mettre une couverture ou même des chaussettes en jersey sur les extrémités ;

  • Placer une alèse entre la table/cage inox et l’animal ;

  • Recourir à des tapis chauffants ou à des systèmes de soufflerie d’air ;

  • Utiliser des liquides de perfusion chauffés (il existe des systèmes de chauffe perfusion) ;

  • Administrer des liquides de rinçage des cavités chauffés (rinçage abdominal, rectal …) ;

  • Placer des lampes à Infra-rouges ;

  • Faire chauffer des bouillottes.

 

Points clés

  1. La prévention et la lutte contre l’hypothermie sont critiques pour limiter morbidité et mortalité.
  2. Des mesures de préventions doivent être systématiquement prises lors d’anesthésie, notamment sur les animaux très jeunes, très âgés ou de petit format.
  3. Une mesure régulière de la température est nécessaire (toutes les 30 minutes par exemple peut être une bonne référence).
  4. Attention de ne pas bruler les patients (bouillottes, lampes à infrarouge).
  5. Il est important de rester vigilant à une potentielle hyperthermie rebond.

 

La surveillance de la température

La surveillance d’un animal hypotherme doit être régulière car il faut d’une part s’assurer que les mesures de réchauffement sont suffisamment efficaces et en même temps éviter les hyperthermies. Une prise de température toutes les 30 minutes est une bonne méthode à ajuster selon l’évolutivité de l’hypothermie et son intensité.

Plusieurs méthodes de mesure de la température existent.

Les plus classiques sont l’utilisation d’une sonde œsophagienne pendant la chirurgie ce qui permet une surveillance en temps réel de la température interne. De manière moins pratique, un thermomètre intra-rectal peut être utilisé.

Enfin, l’utilisation de puces permettant de lire la température simplifie la surveillance et évite de déranger les animaux en phase de réveil.

 

Les risques du réchauffement

La lutte contre l’hyperthermie s’accompagne de plusieurs risques.

  • Inefficacité : dans ce cas, plusieurs mesures seront ajoutées de la plus simple (température de la pièce) à la plus complexe.

  • Hyperthermie rebond : une surveillance régulière de la température permet de détecter cette hyperthermie. Attention, certaines molécules anesthésiques (opioïdes, kétamine) peuvent déclencher une hyperthermie rebond.

  • Les brûlures : c’est un risque majeur avec les lampes à infra-rouges utilisées sur des animaux en phase de réveil, fortement débilités ou dans des petites cages. Ils n’ont alors pas la possibilité de bouger pour éviter une brulûre.

  • Les bouillottes présentent un double risque. Celui de brûlure d’une part, il faut bien s’assurer que la température est homogène et poser longuement le dos de sa main sur la bouillotte pour en vérifier la température. Un linge doit d'ailleurs être placé entre l’animal et la bouillote. D’autre part, la bouillote devient contre-productive une fois qu’elle a refroidi car l’animal se retrouve en contact avec un fluide à forte capacité thermique (c’est dire très efficace à transférer de la chaleur) à la température de la salle. Autrement dit, l'animal se retrouve à perdre de la chaleur.

  • Un réchauffement trop rapide du corps qui n'a alors pas le temps de s'adapter. S'il est nécessaire de réchauffer un animal hypotherme, il est prudent de ne pas vouloir aller trop vite.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • Hypothermia - More Important Than You Believe. World Small Animal Veterinary Association World Congress Proceedings, 2015.
  • S. Robertson, BVMS (hons), PhD, DACVAA, DECVAA, DACAW, DECAWBM (WSEL). Optimiser la sécurité en anesthésie : prévention de l’hypothermie.
  • CHESNEL M.-A. Anesthésiologie, analgésie - Chat, Chien AFVAC 2015 - AFVAC le Congrès Lyon 2015.

Mise en ligne le : 31 janvier 2025

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