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Les bons conseils en nutrition équine : les points à connaître

Laure Bonati, docteure vétérinaire, consultante en médecine du comportement, titulaire d'un CEAV d’éthologie clinique et appliquée

Le système digestif des équidés (poneys, chevaux, ânes et mules) est conçu pour digérer des aliments riches en fibres, de qualité nutritionnelle plutôt pauvre, et consommés tout au long de la journée tout en se déplaçant dans de grands espaces à faible allure. Pour les chevaux, la vie domestique s’accompagne donc d’une transformation radicale de leur alimentation, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur santé et leur bien-être.

Les « 3F » : la base à respecter

En milieu naturel, les chevaux consacrent 60 % de leur temps à manger, soit environ 15h par jour. Ils ingèrent de grandes variétés de plantes, en petite quantité, tout au long de la journée. En comparaison, le régime alimentaire des chevaux domestiques est très différent, avec bien souvent un accès limité à la pâture, du foin en quantité rationné et 2 à 3 repas de concentrés par jour.

Pourtant, chaque cheval a les mêmes besoins fondamentaux : ce que les anglo-saxons appellent les « 3 F » pour Forage, Freedom and Friends. En français, cette expression se traduit par : du fourrage, de la liberté de mouvement et des amis, comprenez des relations sociales. Le respect de ces « 3F » est essentiel, notamment pour assurer le bon fonctionnement du système digestif.

 

Connaître la physiologie digestive pour bien conseiller le propriétaire

Le système digestif comprend la bouche, l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle, le gros intestin (caecum et colon), le rectum et l’anus. Une digestion efficace commence donc par une bouche en bon état. En effet, les dents et les mouvements de la mâchoire permettent à l’animal de mastiquer efficacement. Un défaut d’entretien de la dentition peut provoquer une perte de poids et une dégradation de l’état général, car la digestion est moins efficace et l’absorption des nutriments n'est alors pas optimale.

Par ailleurs, la mastication provoque la production de la salive, qui humidifie le bol alimentaire et sert de solution tampon à l’acidité de l’estomac. Lorsqu’il mange des concentrés, le cheval mâche moins, produit peu de salive et avale vite alors que le fourrage est mastiqué plus longtemps, ce qui peut avoir des conséquences importantes (risque d'ulcère de l'estomac par exemple).

Autre particularité du cheval, le caecum - cette grande poche située du côté droit de l’abdomen, à la jonction entre l’intestin grêle et le colon - est un élément essentiel du système digestif. Il est le siège de la digestion microbienne et il héberge des milliards de bactéries et de protozoaires, qui digèrent les fibres et la cellulose contenues dans les végétaux.

 

Points clés

  1. Quel que soit l’âge ou le niveau de performance du cheval, il doit recevoir du fourrage à volonté (herbe, foin, aliment fibreux…) dans le respect des « 3F ».
  2. Une digestion efficace commence par une bouche bien entretenue. Il est indispensable de rappeler aux propriétaires l’importance majeure de soins dentaires réguliers chez les chevaux.
  3. Les aliments transitent rapidement dans l’estomac et l’intestin grêle, et beaucoup plus lentement dans le caecum et le colon, lieu où a lieu la majorité de l’absorption des nutriments.
  4. L’amidon des céréales distribué en excès risque de fermenter rapidement dans le colon et de provoquer des coliques. On recommande donc de fractionner les repas de concentrés, en se rappelant que la plupart des chevaux n’en ont pas besoin.

 

Les aliments à connaître

En Europe, les chevaux sont plutôt trop nourris et beaucoup sont en surpoids, voire obèses, ce qui affecte durablement leur santé et leur bien-être. La plupart des chevaux n’ont pas besoin de recevoir des aliments concentrés en plus du fourrage.

En revanche, on ne peut pas garantir que les besoins minéraux et vitaminiques d’un cheval qui reçoit une alimentation peu variée (surpâturage, fourrage de piètre qualité en hiver, ration à base de foin + orge) soient couverts tout au long de l’année. Pour assurer un apport optimal en minéraux et en vitamines, il est important de d’ajouter un complément minéralo-vitaminé (CMV) adapté à la ration alimentaire et aux besoins de l’animal. Il permet d’équilibrer la ration et d’éviter les carences à long terme.

Les aliments dits « concentrés » sont utiles pour apporter des calories supplémentaires à des individus qui ont des besoins importants (activité intense, poulinière…). Ces aliments contiennent des céréales qui ont subi des traitements afin de les rendre plus digestes ; la cuisson permet d’améliorer la digestibilité de l’amidon qu’elles contiennent. Certains gérants d’écurie distribuent des céréales entières (orge aplatie) qu’ils produisent eux-mêmes. Les aliments industriels sont disponibles sous forme de granulés ou de floconnés, voire d’aliment complet lorsque les fabricants y ajoutent des fibres (pulpe de betterave, luzerne…). Ces aliments industriels sont pour la plupart déjà complémentés en minéraux et en vitamines.

Rappelons-nous qu’en distribuant 2 ou 3 gros repas d’aliments concentrés par jour, de grandes quantités d’aliments transitent par le système digestif au même moment, ce qui limite l’absorption des nutriments et favorise les coliques. La clé est de ne pas dépasser les capacités de digestion de l’amidon, sous peine de risquer une fermentation trop importante dans le colon. Il est indispensable de fractionner les repas de concentrés (sans dépasser 3 à 4 litres d’aliment par repas) et de toujours distribuer les concentrés après le fourrage.

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

  • Phelipon, R., Hennes, N., Ruet, A., Bret-Morel, A., Górecka-Bruzda, A., & Lansade, L. (2024). Forage, freedom of movement, and social interactions remain essential fundamentals for the welfare of high-level sport horses. Frontiers in Veterinary Science, 11, 1504116.
  • DeNotta, Sally, Martha Mallicote, Sheri Miller, and Deborah Reeder, eds. AAEVT's Equine Manual for Veterinary Technicians. John Wiley & Sons, 2022.

Mise en ligne le : 14 mars 2025

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