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La température de nos patients homéothermes, que faut-il savoir ?

Manuelle Hoornaert, docteure vétérinaire & rédactrice en cheffe de L'auximook

S’il est une donnée clinique incontournable dans le quotidien des structures vétérinaires, c’est bien la température des patients !

Est-ce que Mimi, le chat, a de la fièvre ? Est-ce que Pomme, l’ânesse, est en hypothermie ? Est-ce que Raoul, le furet, est en hyperthermie ?

Recapitulons tout ça !

De quoi parle-t-on ?

  • La température centrale d’un animal est la température moyenne de son organisme, exprimée en degrés Celsius.

  • Chez les espèces homéothermes, cette température est relativement stable (intervalle de référence, variation d’environ 1 à 2 °C) quelle que soit la température extérieure (en dehors de conditions extrêmes). Des variations minimes sont possibles entre individus, dans la journée, en fonction de la prise des repas ou de l’activité physique…

  • Pour maintenir sa température corporelle stable, l’organisme fait appel à des mécanismes de thermorégulation comme les frissons pour faire remonter la température et la transpiration ou le halètement pour la faire baisser.

  • L’hypothermie correspond à une baisse anormale de la température corporelle (lors d’anesthésie, d’exposition prolongée à un froid intense…). L’hyperthermie (lors de stress, d’effort intense, de coup de chaleur…) est une hausse anormale de la température centrale. Ces deux phénomènes se présentent quand les mécanismes de thermorégulation sont dépassés.

  • La fièvre correspond elle aussi à une augmentation de la température centrale due à une augmentation de la température par l’organisme lui-même (dérèglement du thermostat interne). C’est l’une des composantes de la réaction inflammatoire dont le but est de protéger l’organisme, lors d’infection par exemple. Les causes et moyens de lutte contre la fièvre et l’hyperthermie sont différents.

 

Comment connaître la température centrale d’un individu ?

La prise de température fiable se fait avec un thermomètre. Elle peut être réalisée chez bon nombre d’espèces par les propriétaires à condition de leur indiquer la bonne méthode, à savoir :

  • utilisation d’un thermomètre incassable, si possible à bout souple, propre ;

  • pour faciliter l’insertion du thermomètre, l’embout peut être enduit d’un corps gras de type vaseline ;

  • insertion douce de l’embout dans le rectum. Ne pas hésiter à faire tenir la tête de l’animal par une tierce personne afin d’assurer la sécurité de tous ;

  • une fois inséré, incliner légèrement le thermomètre afin de coller l’embout sur la paroi rectale notamment chez les grands animaux ;

  • attendre la sonnerie du thermomètre avant de le retirer doucement ;

  • lire et noter la température. Si la mesure semble incohérente, reprendre la température une seconde fois (embout dans une crotte, thermomètre pas assez enfoncé…) ;

  • comparer cette température à la plage de température normale de l’espèce.

 

Points clés

  1. Les espèces homéothermes ont une plage de température centrale considérée comme normale relativement étroite.
  2. Hyperthermie et fièvre correspondent à une augmentation de la température corporelle par des mécanismes différents.
  3. Connaître les intervalles de référence des températures normales pour chaque espèce est utile au quotidien en structures vétérinaires.
  4. Savoir guider les propriétaires pour une bonne prise de température de leur animal est important. 

 

Quelle température pour quel animal ?

Pour chaque espèce homéotherme, il est utile de connaître la valeur moyenne de température attendue et l’intervalle de référence de la température rectale considérée comme normale (retrouvez ici notre fiche mémo imprimable). La température rectale des mammifères se situe généralement entre 37 et 39°C et la température des oiseaux est entre 39 et 42°C.

  • Chien : moy. de 38,5° C (37,5 à 39,2°C)

  • Chat : moy. de 38,6°C (37,8 à 39,5°C)

  • Furet : entre 37,0 et 38,5°C

  • Lapin : entre 38,5 et 40°C

  • Cochon d’inde : entre 37,5 et 39,5°C. Attention, chez le cochon d’inde mâle, il existe un sac anal et l’orifice rectal est dans ce sac anal. Il faut donc bien visualiser cet orifice et mettre le thermomètre dans le rectum, sinon on risque de sous-estimer beaucoup la température.

  • Rat : entre 37,5 et 39,0°C

  • Cheval : moy. de 37,7°C (37,2 à 38,2°C)

  • Âne : moy. de 37,4°C (36,4 à 39,4°C)

  • Vache : moy. de 38,6°C (38,0 à 39,3°C)

  • Mouton : moy. de 39,1°C (38,5 à 39,9°C)

  • Chèvre : moy. de 39,1°C (38,5 à 39,7°C)

  • Cochon : moy. de 39,2°C (38,7 à 39,8°C)

  • Poule : moy. de 40,8°C (40,5 à 43,0°C)

Si la température rectale descend sous l’intervalle de référence, l’animal entre en hypothermie et il faudra envisager de le réchauffer progressivement. En cas d'hypothermie marquée et/ou prolongée, l’animal nécessite une consultation. Si la température rectale dépasse l’intervalle de référence, l’animal est en hyperthermie ou présente de la fièvre. Cette situation nécessite une consultation vétérinaire parfois urgente (plus l’écart avec l’intervalle de référence est marqué et plus il est associé à des symptômes pathologiques, plus la consultation est urgente).

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

Mise en ligne le : 6 mai 2024

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