Anne-Sophie Richard, docteure vétérinaire, CES d’Hématologie et biologie clinique animales
Essentiel au bon fonctionnement de l’organisme, le glucose est un marqueur clé de l’état de santé des animaux. Son dosage permet de détecter des troubles métaboliques, mais son interprétation peut s’avérer complexe. Cette fiche vous aide à éviter les erreurs et vous donne les outils pour une analyse fiable et précise.
La glycémie est la mesure de la concentration sanguine du glucose à l’instant t. Elle reflète la réserve énergétique immédiatement disponible par l’organisme. Ses variations importantes entraînent un état pathologique clinique.
L’hypoglycémie (<0,75 g/L) provoque des symptômes principalement nerveux comme l’abattement, des tremblements, des convulsions, voire un coma.
L’hyperglycémie chronique (> 1,6 g/L) se manifeste généralement par de la polyuro-polydypsie (PU/PD), de la polyphagie et un amaigrissement.
Impactée directement par des maladies hormonale (diabète sucré) ou tumorale (insulinome), la glycémie est également le reflet d’autres systèmes de régulation, en faisant ainsi un paramètre biochimique clé de tout bilan sanguin, préventifs comme diagnostiques.
La glycémie, comme tout paramètre biochimique, se mesure sur plasma ou sérum via des tubes classiques. De plus, il existe des appareils portables qui permettent une mesure rapide à partir d’une goutte de sang total prélevée sur un vaisseau périphérique, à l’oreille ou à la patte. Cette méthode de prélèvement est particulièrement utile lors de mesures répétées (courbe de glycémie), en cas d’urgence (hypovolémie, blessures cutanées étendues) ou avec un animal difficile à manipuler.
Cependant, les résultats varient selon la technique employée, surtout en cas de modification de l’hématocrite. Il n’est donc pas recommandé de comparer des valeurs obtenues par des techniques différentes.
Enfin, la glycémie est un paramètre instable. Au cours du temps, le glucose est consommé dans par les cellules présentes dans l’échantillon et sa concentration diminue artéfactuellement. Le froid ralentit néanmoins ce processus naturel. Après séparation, le sérum/plasma se conserve quelques heures à température ambiante, 1 à 3 jours au réfrigérateur et plusieurs semaines au congélateur.
La glycémie varie non seulement au cours de la journée, mais aussi sous l’influence de nombreux facteurs internes et externes. L’alimentation (jeûne, repas récent), l’exercice, certains traitements (insuline, perfusion glucosée, corticoïdes au long cours) mais aussi l’anesthésie (xylazine, médétomidine) modifient significativement la concentration de glucose sanguin.
Le stress, surtout chez le chat, peut induire artificiellement une hyperglycémie transitoire importante. Des maladies hormonales comme le syndrome de Cushing, des affections hépatiques, une septicémie, un déséquilibre électrolytique (modification de la concentration en potassium) ou même la gestation peuvent également altérer les mesures de glycémie. Il est donc essentiel de distinguer un véritable trouble d’une variation artéfactuelle et de déterminer si l’anomalie est primaire ou secondaire.
Limiter les artéfacts extérieurs : idéalement, le prélèvement sanguin est réalisé sur un animal vigile, calme, non stressé, à jeun depuis 12 heures et à distance d’un effort physique. En cas de traitement récent ou chronique, le recueil d’une anamnèse détaillée (molécule, dosage, dernier horaire d’administration) est essentiel pour évaluer son impact sur la glycémie.
S’affranchir des variations transitoires : la glycémie étant fluctuante dans le temps, le dosage des fructosamines permet d’obtenir le reflet du taux de glucose moyen sur les 2 à 3 semaines précédentes. Des mesures répétées de glycémie aident aussi à en définir les valeurs basale et maximale, ainsi qu’à analyser l’impact des repas ou traitements au cours d’une journée. Autrefois réservées à l’hospitalisation, les courbes de glycémie peuvent désormais être établies à domicile grâce à des appareils portatifs fixés sur l’animal.
Récolter un faisceau d’indices : une hyperglycémie chronique entraîne d’autres anomalies détectables, notamment dans les urines. La présence de glucose urinaire est inhabituelle. Bien que possible transitoirement chez le chat stressé, elle est toujours anormale chez le chien et en cas de chronicité chez le chat. Les corps cétoniques, identifiables facilement par bandelette urinaire, sont aussi un signe de diabète sucré compliqué.
Adopter une démarche diagnostique rigoureuse : face à une anomalie glycémique, plusieurs pistes sont à explorer : apports, production, assimilation, consommation et élimination du glucose.
L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 28 mars 2025
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