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La caudectomie chez les porcs, est-ce un incontournable ?

Valérie Courboulay, Ingénieur d’étude - Experte en bien-être animal en élevage – conduite d’élevage IFIP – Institut du porc

La caudectomie (coupe de queue) chez les porcs est une pratique courante en élevage mais elle est règlementée.

L’arrêté du 16 janvier 2003 indique que « la section partielle de la queue ne peut pas être réalisée sur une base de routine, mais uniquement lorsqu’il existe des preuves que des blessures causées… aux oreilles ou aux queues d’autres porcs ont eu lieu ».

Pour répondre à cette exigence, les éleveurs sont tenus de noter les signes de morsures sur les queues, les oreilles, les flancs et les pattes des porcs, aux stades de post sevrage et d’engraissement, pour chaque bande (lot) d’animaux, et de conforter ces observations avec des photos des animaux concernés.

À l’issue de la phase d’élevage, s’ils ont relevé des morsures, ils doivent proposer des améliorations dans la conduite de l'élevage ou le logement des animaux. S’ils constatent peu de morsures sur une période longue (environ 6 mois), ils doivent alors mettre en place un essai avec des animaux à queue entière et donc arrêter les coupes de queue.

L’application CAUDOSUIVI disponible sur le site de l’IFIP est un outil qui leur permet de réaliser facilement ces enregistrements, de stocker les photos, et de constituer des fiches récapitulatives par bande.

Agir pour diminuer les risques de morsures

Le risque de morsures est trois fois plus important quand la queue des porcelets n’est pas coupée et les morsures surviennent le plus souvent au stade de post sevrage.

Des précautions sont donc à prendre avant de démarrer un essai avec des porcs à queue entière et il est préférable de se rapprocher d’un conseiller (technicien de groupement, vétérinaire). Il est nécessaire de faire le point sur les multiples facteurs de risque d’apparition de morsures : avoir un environnement adapté aux besoins des porcs (surface, accès aux ressources), satisfaire leur comportement exploratoire, sécuriser les besoins nutritionnels, maîtriser les facteurs d’ambiance, avoir un bon niveau sanitaire… Ces conditions sont aussi celles à améliorer en cas de morsures récurrentes sur l’élevage.

Il faut aussi « se faire l’œil » en démarrant l’essai sans caudectomie avec l’équivalent d’une case ou deux de post sevrage. Les signes indicateurs d’apparition de morsures sont des animaux plus agités qu’habituellement, avec des queues qui sont pendantes ou plaquées contre l’arrière-train. L’intervention de l’éleveur doit alors être rapide pour enrayer la propagation du phénomène.

 

Points clés

  1. La caudectomie est pratiquée couramment en élevage de porcs afin de limiter les risques de morsures et les blessures associées.
  2. Ce risque est 3 fois plus important chez les porcelets à queue longue.
  3. La pratique de la caudectomie est encadrée par la loi et ne doit pas être une routine mais seulement une des solutions en cas de morsures avérées dans l'élevage.
  4. Le suivi de la prévalence des morsures et l'amélioration des conditions d'élevage permettent d'envisager progressivement l'élevage de porcs à queues longues, sans caudectomie.

 

Il n’y a pas de recette unique pour élever des animaux à queue entière sans qu’il y ait de morsures : les facteurs de risque ne seront pas les même d’un élevage à l’autre. Des projets sont en cours pour collecter les pratiques d’éleveurs réalisant des essais avec des animaux à queue longue. Ils permettront de proposer un guide pour accompagner les éleveurs vers l’arrêt progressif de la coupe de la queue.

 

Les bonnes pratiques de la caudectomie

Si les éleveurs continuent la pratique de la coupe de la queue, il est nécessaire qu'ils la réalisent dans de bonnes conditions, avec un coupe queue thermique de façon à couper et cautériser simultanément. Il est recommandé d’attendre au minimum 6h après la naissance du dernier porcelet de la portée, afin que tous aient pu consommer suffisamment de colostrum.

L’opération doit idéalement être achevée dans les 24h qui suivent la naissance, et au maximum au bout de 3-4 jours. Cela permet d’assurer une cautérisation plus rapide, la taille de la plaie et des vaisseaux sanguins étant réduite, et d’avoir une case plus propre ce qui limite les risques d’infection. L’asepsie peut d'ailleurs être renforcée par l’application d’un désinfectant.

 

Déclaration de conflit d'intérêt

L’autrice déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.

Bibliographie

Mise en ligne le : 28 juin 2024

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