Guillaume Belbis, docteur vétérinaire, Dipl. ECBHM
Les petits ruminants de compagnie (également appelés NAC de ferme) se développent de plus en plus comme des animaux de compagnie « à la mode » en zone urbaine et périurbaine. Parmi ceux-ci, les caprins de compagnie constituent des animaux souvent adoptés dans les foyers. La castration des boucs devient, par conséquent, un acte de plus en plus demandé et réalisé dans les structures canines. Voici les principales informations nécessaires pour les ASV concernant ce motif de rendez-vous.
Contrairement aux animaux d’élevage qui sont élevés pour la reproduction et pour qui la castration peut avoir un intérêt moindre, la castration des boucs de compagnie peut être très pertinente pour plusieurs raisons. Voici quelques arguments à retenir pour convaincre les propriétaires de son intérêt.
Contrôle de la reproduction : dans le contexte d’animaux de compagnie, la castration permet d’éviter le risque de gestation non désirées lorsque le propriétaire a des animaux mâles et femelles (notamment le risque de saillie entre « frères et sœurs » ou « parents et enfants »).
Une intervention bien plus simple à réaliser que la stérilisation des femelles (voir photo 1) : dans la lignée de l’argument précédent, il est préférable de castrer les boucs mâles (chirurgie rapide, simple, réalisable sous anesthésie locale) par rapport aux chèvres femelles (chirurgie fastidieuse, anesthésie générale obligatoire avec un risque anesthésique plus fort chez les ruminants).
Influence sur le comportement : les boucs non castrés peuvent avoir un comportement agressif et territorial. Ils ont tendance à être plus dominants et peuvent causer des blessures à d'autres animaux ou même aux humains. La castration peut influencer sur ce comportement dominant.
Éviter les odeurs fortes : les boucs non castrés dégagent souvent une odeur forte, particulièrement pendant la période de reproduction. La castration permet de réduire ou d’éliminer cette odeur.
Risques lors de l’intervention : cette intervention chirurgicale présente généralement peu de risques opératoires en dehors du risque anesthésique et du rare risque hémorragique.
Risque à court terme : le risque infectieux est modéré à la suite de l’intervention (une antibiothérapie à la suite de l’intervention est possible pour le limiter). Le risque majeur à la suite des castrations est le développement d’un tétanos chez l’animal en cas de mauvaise cicatrisation de la plaie. Les caprins sont très susceptibles au tétanos : il est primordial d’administrer lors de l’intervention un sérum antitétanique pour limiter ce risque.
Risques à plus long terme :
Comme dans d’autres espèces animales, la stérilisation des boucs s’accompagne d’un risque marqué d’obésité. Il est par conséquent important d’accompagner la castration de conseils sur l’alimentation du caprin, en rappelant aux propriétaires que les apports en concentrés énergétiques (céréales...) ne sont pas obligatoires chez des animaux « non productifs », a fortiori lorsque le besoin d’entretien est diminué après la castration.
Les obstructions urétrales (« calculs urinaires ») sont également plus fréquentes chez les boucs castrés (voir photo 2). Deux facteurs expliquent cette prédisposition des boucs castrés à cette affection grave :
la tendance à l’obésité des animaux après castration ;
la réduction du diamètre de l’urètre chez les animaux castrés, plus marqué chez les caprins castrés jeunes (avant l’âge de 6 mois).
En raison de ce risque accru d’obstruction urinaire, il paraît important de ne pas castrer les boucs trop jeunes. Un bon compromis serait une castration à partir de l’âge de 6 mois. Il est également important d’alerter le propriétaire sur les signes pouvant signifier une obstruction urinaire : douleur abdominale (confondu parfois avec des coliques digestives), douleur lors de la miction, diminution, voire arrêt de la miction.
Avant toute chose, il convient de définir au sein de la structure le protocole chirurgical employé, et notamment la méthode d’anesthésie employée (anesthésie générale, anesthésie locale ou combinaison des deux techniques). Voici quelques informations et conseils à fournir ou à demander lors de la prise de rendez-vous :
informations sur l’animal : âge (éviter la castration avant l’âge de 6 mois) ;
l’animal n’a pas nécessairement besoin d’être à jeun pour cette intervention (contrairement aux recommandations que l’on donnerait pour un carnivore domestique), notamment si seule une anesthésie locale est envisagée (mais, même si une anesthésie générale est réalisée, il n’est pas obligatoire d’avoir un animal à jeun) ;
s’assurer avant que l’animal ne vienne que les médicaments nécessaires sont présents à la clinique pour les soins post opératoires (antibiotique si nécessaire, AINS). En post opératoire, l’administration d’un sérum antitétanique est obligatoire, le risque chez les petits ruminants étant important ! Il est primordial lors de la prise de rendez-vous de s’assurer que ce sérum est disponible ou sinon de le commander au plus vite !
informer le propriétaire sur la procédure chirurgicale (en parler avec l’équipe vétérinaire), et lui préciser que l’animal peut être récupérer rapidement après l’intervention si seule une anesthésie locale est réalisée, ou après quelques heures si une anesthésie générale est réalisée.
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 25 avril 2025
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