Mathieu Raillard, DMV, MANZCVS, EBVS® European Specialist in Veterinary Anaesthesia and Analgesia, School of Veterinary Medicine - Murdoch University - Australie
Le choix d’une sonde d'intubation (interface entre l’animal et l’appareil d’anesthésie) n'est pas anodin. Une sonde inadaptée peut causer des lésions des voies respiratoires ou trop de résistance au passage de l'air, compromettant la ventilation. Cette fiche vous fournit les outils nécessaires au choix judicieux des sondes à préparer avant chaque anesthésie.
Structure
Chaque sonde est composée de différentes parties :
un connecteur (+/- port pour la capnographie)
un tube cylindrique, extrémité distale à insérer dans la trachée
un ballonnet (optionnel) : qui permet de " sceller " (de " se fixer ") la trachée, empêche l'aspiration, permet la ventilation
un cordon de gonflage
un œil de Murphy (optionnel) : ouverture près de l'extrémité distale pour ventilation en cas d'obstruction de la sonde
Les différents ballonnets
Il existe 2 types de ballonets :
1) Le ballonet à haut volume, basse pression (HVLP) :
Avantages : moins de lésions trachéales, meilleur ajustement
Inconvénients : risque de fuite
2) Le ballonet à bas volume, haute pression (LVHP) qui présentent un risque plus important de lésions trachéales.
Les matériaux des sondes
Toutes les sondes ne sont pas fait avec la même matière. On trouve des sondes en :
PVC (chlorure de polyvinyle) : Transparentes, semi-rigides, ballonnet HVLP
Caoutchouc : Non transparentes (impossible de voir buée ou sécrétions), ballonnet LVHP, ajustement de gonflage difficile (pas de valve)
Silicone : Flexibles, réutilisables, plus chères. Peuvent être " armées " (avoir un fil en spirale intégré dans la paroi ; attention aux artéfacts en imagerie)
La sélection d’une sonde d’intubation chez les animaux domestiques repose principalement sur l’expérience, sans directives bien établies. Le diamètre de la sonde doit être le plus grand possible sans causer de lésions aux voies respiratoires.
Les méthodes visant à sélectionner les sondes d’intubation en fonction de la mesure de la largeur des narines, du septum nasal, ou des coussinets plantaires ne sont pas fiables. Les meilleures estimations reposent sur l'évaluation de la morphologie et du poids de l’animal, ainsi que sur la palpation de la trachée (Fig. 1).
Le passage des aryténoïdes (entrée de la trachée) peut être limité par le ballonnet, nécessitant de préparer plusieurs sondes de tailles différentes afin de permettre au vétérinaire de pouvoir s'ajuster.
Il est à noter que l’espace mort (volume d'air où il n'y a pas d'échange gazeux) et le risque d’intubation sélective (intubation d'un seul poumon) augmentent si les sondes sont trop longues. La longueur adaptée va des incisives à la pointe de l’épaule (Fig. 2).
Imaginer une radiographie du cou de l'animal pour estimer le diamètre de la trachée
Prévoir trois sondes par cas : une de la taille estimée, une plus grande et une plus petite
Prévoir cinq sondes pour les animaux brachycéphales ou en cas d'intubation difficile anticipée (animal en difficultés respiratoires par exemple)
Ne pas hésiter à solliciter l'avis de personnes plus expérimentées
Vérifier les ballonnets et les connecteurs avant l'anesthésie
Prévoir des options de secours en cas d'échec de l'intubation ou de difficultés à trouver une sonde adaptée (utilisation de stylets comme guides ou de masques laryngés)
L’auteur déclare ne présenter aucun conflit d’intérêt qui pourraient influencer ou biaiser de manière inappropriée le contenu de l'article.
Mise en ligne le : 9 août 2024
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