Marque employeur vétérinaire : « ce qu’on fait à l'intérieur se voit à l’extérieur ! »

Si « Actif à l’intérieur et ça se voit à l’extérieur » est le slogan d’une célèbre marque de yaourt, il pourrait également être celui de la marque employeur ! Cette notion désigne l’ensemble des problématiques de recrutement et d’image liées à la gestion des ressources humaines au sein des entreprises. Aujourd’hui, il s’agit d’un sujet de préoccupations pour la plupart d’entre elles, des startups aux grands groupes en passant par les TPE-PME… Tout le monde se pose la même question : comment séduire des candidats, réussir à les embaucher et parvenir à les garder ? Alors, qu’en est-il pour nous autres vétérinaires ?

Un marché tendu et concurrentiel

Le recrutement vétérinaire est devenu une course de fond : le marché de l’emploi est en pleine restructuration et il est de plus en plus difficile pour nos consoeur.frère.s de recruter des collaborateur.ice.s. Le fossé entre l’offre et la demande n’a jamais été aussi profond, avec un différentiel moyen de 31 % sur les six derniers mois [1]. En outre, la pénurie de vétérinaires praticiens atteint des seuils inégalés : 41,5 % des vétérinaires demandant leur retrait du tableau de l’Ordre sont âgés de moins de 40 ans [2]. La prise de conscience est à présent générale : 83 % des vétérinaires recruteurs se disent prêts à changer leurs conditions de recrutements [3] pour s’adapter à ce marché qui est en leur défaveur.

Cette situation met les structures en concurrence sur le plan du recrutement, créant parfois des tensions entre cliniques et cabinets voisins. De plus, la structuration du marché par les groupements et chaînes de cliniques est en marche et accélère la mutation de la profession. Les vétérinaires indépendants se retrouvent alors en concurrence avec des groupements, qui investissent des moyens humains et financiers pour mettre en place une communication adaptée permettant d’attirer mais aussi de conserver les talents.

Le cercle vertueux de la marque employeur

En matière de ressources humaines, toute entreprise a deux préoccupations majeures : d’abord, recruter des salariés et ensuite, les garder. C’est en amont et pour permettre d’atteindre ces deux objectifs que la marque employeur intervient. Elle porte l’identité d’une structure. Son ADN social en quelque sorte... Pour être claire, c’est l’image que reflète une clinique auprès de ses salariés actuels mais aussi auprès de potentiels futurs salariés. Pour les recruteurs, l’enjeu est multiple. En effet, il faut que la structure soit suffisamment attractive pour que des candidats postulent mais aussi faire en sorte que les conditions de travail des salariés soient suffisamment bonnes pour les faire rester et pour qu’ils véhiculent une image positive de la structure. C’est le cercle vertueux de la marque employeur !

La balle est dans le camp des salariés

Dans le microcosme vétérinaire et dans le monde hyper-connecté dans lequel nous vivons, tout se sait… Il y a quelques années, le bon ou le mauvais management d’une clinique n’était connu que des quelques personnes concernées et de l’entourage proche. Aujourd’hui, la situation est différente car rien n’est plus simple que de véhiculer une information (surtout négative) à la vitesse de l’éclair. En résumé, si la marque employeur d’une clinique est mauvaise, tout le monde le sait ! A cette vitesse de propagation de l’information vient se juxtaposer celle de l’impact, qui s’en voit démultipliée.

Lorsque la marque employeur est entachée, la secousse sismique pour une si petite entreprise est souvent très délétère… C’est la raison pour laquelle il est hasardeux de la sous-estimer, tout comme de sous-estimer le pouvoir des salariés. Les clients notent déjà les vétérinaires avec des étoiles sur Google et on voit émerger, dans certains secteurs, des plateformes collaboratives qui permettent aux employés de noter leur entreprise. De là à ce que les salariés vétérinaires attribuent un jour une note à leurs employeurs, il n’y a qu’un pas… Il faut bien comprendre que vos employés actuels sont les ambassadeurs de votre marque employeur : ils ont le pouvoir de véhiculer une bonne ou une mauvaise image de votre clinique auprès des candidats et ne se priveront pas pour le faire.

Une marque employeur attractive, c’est un peu de travail…

Recruter un vétérinaire aujourd’hui nécessite un double budget : argent et temps. Pour le premier, on est encore loin des budgets des grandes entreprises (qui, pour recruter un collaborateur, dépensent jusqu'à deux fois son salaire mensuel) mais on s’en approche progressivement avec le développement de cabinets de recrutements spécialisés sur le secteur vétérinaire. La limite du second tient dans un cercle vicieux que les vétérinaires connaissent bien : moins on arrive à recruter, plus on est pris par son travail et… moins on a de temps pour recruter. Il est donc essentiel, pour travailler sa marque employeur, de s’organiser au maximum pour optimiser son temps et son budget.

Commencez par définir qui dans votre équipe sera responsable des ressources humaines. Il n’est pas absolument nécessaire qu’il s’agisse d’un associé. Si l’un ou l’une de vos salariés (là depuis longtemps, très engagé et qui connaît bien la clinique) est intéressé par la gestion des ressources humaines et s’il ou elle est d’accord, n’hésitez pas à lui confier cette mission délicate. Une autre solution, si le temps, la compétence ou tout simplement l’envie vous manquent, consiste à faire appel à un consultant (cabinet de conseil) pour vous aider.
Allouez-lui du temps ainsi qu’un budget raisonnable, conditions essentielles pour être efficace sur un marché saturé.
Élaborez avec cette personne une stratégie cohérente :
- Commencez par lister les valeurs de la clinique, celles qui reflètent au mieux votre culture d’entreprise. Aujourd’hui, les gens veulent non seulement trouver du sens dans leur travail mais aussi leur place dans une équipe soudée.
- Trouvez votre valeur ajoutée par rapport à vos concurrents : pourquoi devrait-on venir travailler dans votre clinique plutôt que dans une autre ? Dites-vous que les candidats ont le choix. Si vous n’êtes pas en mesure de leur proposer le meilleur, ils iront ailleurs…
- Choisissez parmi tout ça les atouts sur lesquels vous voulez mettre l’accent. Est-ce la qualité de l’équipe, l’ambiance de travail, les perspectives d’évolution ? Ce sera votre fil conducteur.
- Choisissez vos canaux de communication en fonction du temps et du budget que vous avez définis.
Rédigez vos contenus : annonces emploi, messages de prises de contact, articles. Améliorez votre site internet car il est la meilleure vitrine de votre activité. Mettez en avant vos réseaux sociaux. Bref, soignez votre communication pour vous distinguer de vos concurrents et pour être remarqué par les candidats. N'hésitez pas à mettre à contribution vos collaborateurs que ce soit pour élaborer la stratégie ou pour écrire des contenus efficaces et au plus près de votre culture d’entreprise. La rédaction d’une offre d’emploi ou du contenu de la page de l’équipe de votre site internet peut tout à fait être l’occasion d’un brainstorming de l’équipe (autour d’un café) !
Soignez l’expérience de tous les candidats - y compris ceux auxquels vous donnerez une réponse négative (oui, il paraît que certains d’entre nous ont encore cette chance) - tout au long du processus de recrutement, du premier contact téléphonique jusqu’à l’embauche.
Ayez une vraie stratégie d’onboarding pour les nouveaux arrivants. Un parcours d’intégration réussie est un des clés de la marque employeur !
Prenez soin de vos salariés : ils seront plus productifs, vous aurez moins de turn over et ils joueront les ambassadeurs pour vos recrutements à venir.

Gare au bullshit !

Une vigilance toutefois : pas de langue de bois ! Les paroles et les écrits doivent traduire les actes… Ne perdez pas de vue que l’authenticité est votre meilleur atout. « Vendre du rêve » à un candidat quand il n’y rien derrière ne présente pas le moindre intérêt, ni pour lui, ni pour vous. Si vous enjolivez la réalité en trichant sur vos valeurs ou votre culture d’entreprise, votre interlocuteur l’apprendra tôt ou tard, que ce soit pendant le recrutement ou bien juste après. L’effet de cette distorsion de la réalité serait sans nul doute contre-productif, puisque vous obtiendriez exactement l’inverse de ce que vous aviez escompté et perdriez du temps.

Finalement, lorsqu’on revient au fondement même de cette marque employeur, on trouve le facteur humain. Indéniablement le plus énergivore et le plus chronophage de tous. En arrivant à conjuguer le haut niveau d’exigences (implication, motivation, responsabilités, etc.) que vous avez nécessairement vis à vis de vos employés avec la possibilité pour eux d’avoir un confort de travail, vous agissez non seulement sur l’efficacité et la durabilité de votre équipe, mais de surcroît sur la marque employeur. Dans une ère où la course aux recrutements est plus redoutable que jamais puisque les candidats ont le choix, elle pourrait bien être votre meilleure chance pour faire la différence !

Marine Slove,
Vétérinaire & Éditrice associée

Ressources documentaires :

[1] Statistiques internes site www.vetojob.fr ;

[2] “Atlas démographique de la profession vétérinaire 2021”, 6ème édition, [En ligne] Disponible sur : https://www.veterinaire.fr/system/files/files/2021-11/ODV-ATLAS-NATIONAL-2021.pdf [Consulté le: 2-novembre-2021] ;

[3] C. Barde, “Les difficultés de recrutement des salariés”, La semaine Vétérinaire N°1768, 15 juin 2018, d’après “Sondage La Semaine Vétérinaire - Annuaire Roy” , 258 vétérinaires interrogés, 230 répondants.