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Médecines complémentaires : pourquoi ces formations attirent de plus en plus de vétérinaires ?

Crédit photo @Georgii - stock.adobe.com

Médecines « douces », complémentaires, alternatives, les synonymes sont nombreux pour désigner ces disciplines qui attirent de plus en plus de vétérinaires praticiens. Ostéopathie, physiothérapie, phytothérapie ou encore acupuncture, l’offre de formation est variée et des diplômes, pour certains reconnus par l’ordre, sont désormais disponibles. 


Même si nous n'adhèrons pas tous à ces pratiques, il est indéniable que pour autant, tous les profils de praticiens sont représentés dans ces formations : du plus jeune au plus âgé, du praticien rural au canin pur. C’est la preuve que notre profession évolue vers une intégration plus large des médecines alternatives.

Ces pratiques permettent une véritable synergie avec les autres disciplines vétérinaires. Elles ont en commun la nécessité d’effectuer un travail sur soi et de s’autoriser à prendre le temps en consultation. Dans notre quotidien à mille à l’heure, la consultation de médecine alternative peut devenir une vraie « bouffée d’air frais ».

Quelles sont les médecines complémentaires pratiquées par les vétérinaires ?

Du fait de la formation scientifique des vétérinaires, les médecines complémentaires pratiquées et reconnues par l’ordre sont limitées. « L’evidence based medecine » est privilégiée. Un communiqué du 18 octobre 2021 du CNOV, exprime, en se basant sur les données de l’OMS, les médecines considérées comme « reconnues » :

  • La physiothérapie et la rééducation fonctionnelle ;
  • L’ostéopathie ;
  • La phytothérapie.

Il manque à l’appel une discipline pourtant largement pratiquée : l’acupuncture. Son statut au sein de l’exercice vétérinaire est donc pour l’instant mal défini. Des formations existent, mais son utilisation au quotidien reste au « bon usage » du vétérinaire. Il en va de même pour l‘homéopathie.

Les écoles nationales vétérinaires françaises organisent plusieurs formations diplômantes :

  • Le DIE d’ostéopathie à Oniris ;
  • Le DE de physiothérapie à l’ENVA ;
  • Le DIE de phytothérapie coorganisé par les 4 écoles vétérinaires ;
  • Une formation qualifiante d’initiation à l’acupuncture est également réalisée à l’école nationale vétérinaire de Toulouse.

En parallèle, des écoles privées proposent de nombreuses formations qui intègrent, en plus de ces disciplines, la médecine traditionnelle chinoise. Un large choix de formations continues s’offre donc au vétérinaire souhaitant expérimenter une autre approche de la médecine vétérinaire. Les formations font le plein chaque année, avec souvent la mise en place d’une liste d’attente, preuve de l’intérêt des praticiens pour ces pratiques qui n’attirent pas que les jeunes générations.

Aucune discrimination dans l'accès aux médecines complémentaires vétérinaires

Dans les cursus de formation, les promotions sont souvent très hétérogènes. Praticiens mixtes, canins purs, équins, tout juste sortis de l’école ou bien plus avancés dans leur carrière…. Les profils sont variés, mais l’envie d’améliorer la prise en charge de l’animal malade reste au cœur des motivations. Là où la médecine « classique » peut parfois « bloquer », la médecine complémentaire offre éventuellement des solutions qui peuvent sembler miraculeuses.

“ Associé de ma clinique depuis 20 ans, formé à la chirurgie orthopédique, j’ai été attiré par une formation en ostéopathie afin notamment de pouvoir améliorer la prise en charge des boiteries en apportant une autre solution que les anti-inflammatoires ou la chirurgie. Cela m’a permis d’avoir une autre approche de l’animal, très bénéfique au quotidien. Je ne regrette absolument pas d’avoir réalisé cette formation sur le tard.”

 

Thibault, Vétérinaire

Dans les raisons plus personnelles de s’orienter vers ces pratiques, on peut retrouver le ras-le-bol du quotidien « métro-véto-garde ». En effet, la formation aux médecines « douces » permet d’envisager une activité parallèle « refuge », permettant de ralentir et de souffler dans son quotidien. La médecine complémentaire s’intègre à merveille dans le quotidien du vétérinaire praticien, généraliste ou spécialiste, mais peut aussi être effectuée en référé, en pratique exclusive.

Cette possibilité d’avoir une autre approche de la médecine vétérinaire permet à certains confrères de revenir vers la pratique, après une première expérience non concluante. C’est l’occasion de renouer avec la passion et d’entretenir voire de raviver la flamme.

“ Après un début de carrière intense et épuisant en équine, avec un parcours classique internat puis itinérant avec une garde sur deux, je me suis inscrite en formation d’ostéopathie car c’est une discipline qui m’a toujours attirée. Entre le moment de mon inscription et le début de ma formation, j’ai fait un burn-out. Je me suis longuement remise en question sur mon avenir professionnel.

J’ai décidé de tout de même me rendre au premier week-end de formation.

L’apprentissage de cette médecine complémentaire a redonné du sens à ma pratique et m’a obligé à lever le pied et à prendre le temps pour mes consultations. Finalement, l’ostéopathie s’est intégrée dans mon quotidien de véto et m’a permis de trouver un équilibre.”

 

Mélanie, Vétérinaire

Ces spécialités permettent le plus souvent de travailler uniquement avec ses mains, de développer son ressenti. C’est très valorisant pour le praticien de pouvoir guérir un animal sans utiliser la chimie !

En route vers le " SlowCare "

Prendre le temps de prendre soin. C’est la devise du collectif « SlowCare » qui promeut des soins intégratifs, centrés sur la personne. Le monde vétérinaire a beaucoup à gagner à s’inspirer de cette philosophie, surtout dans le contexte actuel. La pénurie de vétérinaires semble nécessiter une accélération du rythme pour en faire toujours plus. « Ceux qui restent » absorbent le travail de « ceux qui manquent ». Nous connaissons tous les journées marathons, où les patients s’enchaînent et où il faut surtout aller vite.

En consultation d’ostéopathie ou d’acupuncture, nous n’avons pas le choix : il faut prendre le temps. L’approche de l’animal et de son propriétaire est totalement différente. Et pour être efficace, il est aussi nécessaire d’effectuer un travail sur nous-mêmes : il faut être présent et totalement concentré sur son patient et sur notre ressenti.

Souvent, on emploie le terme « holistique » pour parler de la médecine intégrative. Au lieu de traiter les symptômes, on cherche le mal à sa source. Et cela prend du temps. Quel est le milieu de vie de l’animal ? Son alimentation ? Son activité physique ? Sa génétique ? Prendre le temps d’étudier tous les aspects permet souvent de gagner du temps ensuite. Donc, même dans un contexte de pénurie de vétérinaires praticiens, la pratique intégrative a tout à fait sa place. Ce n’est pas une perte de temps, mais un investissement sur le temps, dont le but est d’éviter que l’animal n’évolue vers une maladie chronique.

Cet aspect assez individuel est très apprécié par les propriétaires d’animaux de compagnie, ce qui permet de fidéliser la clientèle et d’instaurer une relation de confiance.

Une synergie entre les pratiques : la médecine complémentaire a sa place au sein de de la clinique vétérinaire !

Le vétérinaire formé en ostéopathie, acupuncture, phytothérapie ou physiothérapie trouve sa place au sein de la clinique vétérinaire. Certains cas non résolus en allopathie ou chirurgie s’amélioreront après une prise en charge complémentaire.

En post-opératoire, notamment de chirurgie orthopédique, la rééducation via la physiothérapie permet une récupération plus rapide. Se former en médecine complémentaire permet d’apporter de nouvelles compétences au sein de la structure vétérinaire. Au même titre qu’un CEAV ou un CES, les diplômes de médecines « douces » sont reconnus, valorisés et valorisants. Les propriétaires d’animaux de compagnie, mais aussi de rente, sont très sensibles à ces pratiques plus « naturelles ». La demande est réelle.


L’attrait important de certains vétérinaires pour les médecines complémentaires s’explique en partie par la plus-value que cela apporte à leur pratique quotidienne. S’ajoute probablement à ça, le besoin de ralentir et de prendre le temps ô combien important dans une époque où tout va trop vite.

 

Mélissa Dastroy,
Vétérinaire

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] A. LABOULAIS, Communiqué du CNOV sur les pratiques médicales non conventionnelles ou non reconnues, octobre 2021, [En ligne].Disponible sur : https://www.veterinaire.fr/communications/actualites/communique-du-cnov-sur-les-pratiques-medicales-non-conventionnelles-ou-non-reconnues [Consulté : 14 mars 2023] .

[2] Mouvement slowcare, [En ligne]. Disponible sur https://slowcare.fr, [Consulté le : 14 mars 2023].

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