ASV, votre rôle dans le deuil de l'enfant pour son animal : les points clés

La perte d’un animal de compagnie est une épreuve douloureuse pour ses propriétaires, mais également pour leurs enfants, qui tissent avec leur compagnon à quatre pattes des liens très forts. Pour l’enfant, il s’agit bien souvent d’une première confrontation avec la mort et le deuil. Pour traverser ce processus, il aura besoin de l’appui des adultes, ce qui inclut l’équipe d’ASV et de vétérinaires qui a accompagné l’animal jusqu’à la fin de sa vie.

Cet article a été écrit en collaboration avec :

En tant qu’ASV, vous êtes souvent les premiers interlocuteurs auxquels les propriétaires se confient. Que ce soit par téléphone pour recevoir la mauvaise nouvelle ou la prise de décision difficile, ou bien en présentiel, c’est bien vous qui aurez les premiers mots de réconfort et les premiers sourires compatissants. Pour autant, il existe quelques éléments à connaître pour mieux accompagner les parents et se sentir prêts à faire face à ces situations. Découvrons ensemble les informations importantes à retenir.

Le deuil animalier chez l'enfant, que faut-il savoir ?

L’animal de compagnie fait partie intégrante de la famille pour 82% des propriétaires. Pour l’enfant, l’animal est un vrai compagnon de jeu, souvent même un ami ou un confident. La perte de celui-ci constitue un véritable deuil, particulièrement si l’enfant avait noué des liens très forts avec son animal. Cependant, en fonction de son âge et de son vécu, la compréhension de ce phénomène n'est pas la même.

L’enfant est confronté très tôt à l’idée de la mort, en observant ce qu’il se passe dans la nature. La mort n’est donc pas tout à fait nouvelle pour lui, ni taboue. Néanmoins, ce concept reste assez flou pour lui avant l’âge de 3 ans.
Entre 3 et 5 ans, la mort représente surtout une séparation. Pour l’enfant, l’animal décédé est simplement parti, et peut revenir.
A partir de 5 ans, l’enfant comprend le côté irréversible de la mort.
De 9 à 12 ans, il comprend que la mort est universelle (elle touche tous les êtres vivants) et inéluctable (tous finissent par mourir un jour).
L’adolescence est une période de transition pendant laquelle l’enfant a besoin d’être protégé et rassuré, mais également de prendre son indépendance.

Inclure les enfants dès la phase de préparation au deuil, pourquoi est-ce important ?

L’équipe soignante de l’animal tient un rôle essentiel dans l’accompagnement du deuil animalier.

Que la mort frappe brutalement ou qu’elle puisse être anticipée, les familles apprécient bien souvent d’avoir un temps d’échange pour discuter de ce sujet douloureux.

Au moment de la prise de rendez-vous, on peut rassurer les familles quant à la disponibilité et à l’écoute des vétérinaires et indiquer que ceux-ci tiendront compte de la présence des enfants s’ils souhaitent être présents.
L’euthanasie est rarement une urgence absolue et dans beaucoup de cas, celle-ci pourra être discutée et préparée lors d’une consultation. Celle-ci permet de réunir les membres de la famille. Inclure les enfants lors de cette préparation est un moyen de tenir compte de leur relation avec leur compagnon, de leurs sentiments, et de faciliter leur processus de deuil par la suite.
En s’adressant aux enfants, il faut éviter les tournures de phrases portant à confusion comme « on va l’endormir » ou bien « le vétérinaire lui fera une piqûre pour qu’il ne souffre plus ».
Il est possible de proposer à la famille de mettre en place des rituels, auxquels les enfants peuvent participer : une dernière caresse, un dessin ou un poème laissé avec l’animal au moment de sa mort, mais également un recueillement autour de photographies ou encore une dispersion de ses cendres dans un endroit symbolique.

Au-delà des murs de la structure vétérinaire, quels conseils pouvons-nous donner ?

Les ASV et les vétérinaires ne sont pas les seuls accompagnants du deuil animalier. Il est important de savoir répartir la charge qui pèse sur nos épaules autour de la mort des animaux. Néanmoins, il est important pour nous de pouvoir répondre à la demande des parents en recherche de conseils.

On peut rappeler aux propriétaires que leur enfant va lui aussi traverser une période de deuil, et que c’est le moment d’engager un dialogue avec lui, en le laissant exprimer ses sentiments sans les minimiser.
Dissimuler la mort est une mauvaise idée. Il est conseillé d’en parler sans attendre, en utilisant des mots simples et sans ambiguïté. Les familles peuvent s’appuyer sur des supports adaptés, conçus pour les aider à évoquer ce sujet avec leurs enfants : les livres « Mon amie pour la vie » ou « Au revoir blaireau », le podcast « Au pays d’Eden » par exemple.
L’enfant peut se sentir coupable de ce qu’il s’est passé, c’est le rôle des parents de le rassurer à ce sujet. Pendant la période de deuil, l’enfant a également besoin de beaucoup d’amour et de protection.
Associer l’enfant aux rites funéraires facilite le processus de deuil.

En quoi est-ce utile pour une équipe soignante d'être préparée au deuil des enfants ?

Pour l’équipe soignante, être prête à accompagner les familles face au deuil, c’est pouvoir anticiper les différentes questions et réactions des parents et de leur(s) enfant(s) afin que l’expérience soit la plus douce possible pour tous. Mais c’est aussi être mieux protégé soi-même des chocs émotionnels que peuvent représenter ces situations.

Valider des mesures concrètes en équipe est un moyen de faire face à toute situation déstabilisante. En partageant son expérience (en tant que professionnel mais aussi en tant que parent), on repère ensemble les pièges que peuvent poser ces situations et on limite les potentielles maladresses
Le planning peut être aménagé pour le confort de tous : euthanasie planifiée si possible, sur une période calme de la journée, de manière bien lisible pour que toute l’équipe puisse accueillir les propriétaires et leurs enfants de manière appropriée.
Les enfants peuvent assister à l’euthanasie s’ils en expriment le besoin, et avec l’accord de leurs parents. Si cela n’est pas possible, on peut leur prévoir une occupation dans une pièce au calme (coloriages, musique…).

Au même titre que les vétérinaires, vous, ASV, faites partie des professionnels qui accompagnent les familles autour de la fin de vie de leur animal. En leur apportant votre soutien et vos conseils, vous saurez adoucir la difficile période de deuil que les propriétaires vont traverser avec leurs enfants. Avec votre expérience et votre disponibilité, vous garantissez également aux vétérinaires que toutes les conditions seront réunies pour accueillir en douceur les parents.

Astrid de Boissière,
Vétérinaire

Publi-rédactionnel #TÉMAplume, Esthima

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre article :

Vétérinaires, quel rôle jouons-nous dans le deuil de l’enfant pour son animal ?

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] The Ohio State University, Veterinary Medical Center. Helping Children Cope with the Serious Illness or Death of a Companion Animal [En ligne]. Disponible sur : https://vet.osu.edu/vmc/sites/default/files/files/companion/HTB/Helping.pdf [Consulté le : 1 mai 2023] ;

[2] Glorion, F. (2003). Accompagner l'enfant en deuil. Laennec, 51, 21-33. [En ligne]. Disponible sur : https://doi.org/10.3917/lae.031.0021 [Consulté le : 1 mai 2023] ;

[3] Reboul, P. (2020). La place des rituels dans le processus du deuil. Jusqu’à la mort accompagner la vie, 140, 5-7. [En ligne]. Disponible sur : https://doi.org/10.3917/jalmalv.140.0005 [Consulté le : 1 mai 2023] ;

[4] Esthima x Contes audio. Au pays d’Eden - Aider son enfant à surmonter le deuil de son animal [podcast]. 12 min. Disponible sur : https://www.esthima.fr/podcast-au-pays-eden [Consulté le : 1 mai 2023].