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ASV francophones à travers le monde – Épisode 2 : le Québec

Crédit photo @ kovop58 - adobe.stock.com
Il y a quelques semaines, nous vous proposions le premier opus de notre série : ASV francophones à travers le monde. Aujourd’hui, et après la Belgique, direction le Québec. Là-bas, on ne parle pas d’ASV mais bien de " TSA ". Si cette abréviation en France fait généralement référence aux Troubles du Spectre Autistique, outre-Atlantique, elle signifie : " Technicien en Santé Animale ou encore " Technologue en Santé Animale ". Ce titre, lié au diplôme du même nom, est délivré après des études collégiales. Il ouvre alors la porte à de nombreuses possibilités de pratique, notamment dans l’écosystème vétérinaire. 

Outre le parcours classique permettant l’obtention du diplôme de TSA, depuis une dizaine d’années maintenant, une validation des acquis de l’expérience, une sorte de VAE, est également possible, ouvrant la porte aux candidats étrangers qui voudraient s’installer au Québec. Avec une culture de travail plus à l’Américaine, le nombre d’heures de travail quotidiennes est plus élevé qu’en France, pour moins de congés payés. Mais ce métier est très reconnu. Cela permet aux TSA de s’épanouir pleinement dans leurs fonctions, en étant impliqués dans tous les soins, un peu à la manière des " vet nurse " en Angleterre.  Malgré tout on observe un turn-over assez élevé, comparable à ce que l’on observe dans les pays européens. Si l’aventure québécoise vous tente, cet article est fait pour vous ! Passons en revue les spécificités du métier d’auxiliaire vétérinaire à la sauce québécoise.  

Une formation encadrée pour un diplôme reconnu par l’état 

La pratique du métier d’ASV au Canada est soumise à l’obtention du diplôme de Technicien en Santé Animale. Il s’agit d’un diplôme d’études collégiales (D.E.C) délivré au Canada ou aux États-Unis. Trois années d’étude sont nécessaires à son obtention. Il prépare non seulement à la pratique en clinique vétérinaire, mais également à de nombreux autres postes comme le travail au sein de refuges animaliers, de jardins zoologiques, en industrie pharmaceutique, en laboratoire de recherche ou encore, pour un emploi au sein de la fonction publique.  

Les prérequis pour être admis sont la validation de certains cours d’enseignement secondaire, notamment les mathématiques et les sciences de la vie.  Au Québec, sept écoles dispensent le cursus " TSA " . Dans tous les cas, les cours magistraux sont complétés par des travaux pratiques et des stages. 

Il est possible de s’inscrire au collège pour réaliser la formation en tant que français. Le prix annuel est alors le même que pour les résidents, soit, par exemple, environ 280 dollars par an de frais de scolarité au cégep de Saint-Félicien.  

Un métier indispensable  

En clinique vétérinaire, les TSA sont incontournables et pratiquent de nombreux actes, toujours sous la supervision et la responsabilité du vétérinaire. C’est en clinique canine que l’on retrouve le plus de postes, mais le métier se développe petit à petit en rurale et en équine. Parmi les missions confiées, on retrouve :  

  • les prises de sang, du prélèvement à l’analyse en laboratoire 

  • la pose de cathéter 

  • l’administration des médicaments et la surveillance d’anesthésie 

  • la réalisation de pansements 

  • la réalisation de bilans radiographiques 

  • la gestion des animaux hospitalisés 

  • le conseil en nutrition 

  • l’assistance chirurgicale… 

Cette liste n’est, bien sûr, pas exhaustive.   

En parallèle de ce rôle d’assistant vétérinaire en clientèle, de nombreux autres débouchés existent. Cela permet un taux de chômage très bas pour les diplômés du D.E.C. On trouve notamment 

  • des postes en laboratoire de recherche, où les TSA prennent soin des animaux, réalisent les prélèvements et analysent les échantillons 

  • des postes dans l’inspection des denrées alimentaires d’origine animale en collaboration avec le vétérinaire officiel 

  • des postes de soigneur animalier en parc zoologique ou comme employé de refuge animalier…  

Interview de Marianne, TSA depuis 7 ans au Québec

 

Quel est ton parcours ?

J'ai travaillé 3 ans dans un hôpital vétérinaire et maintenant je suis employée dans un refuge d'animaux exotiques depuis un peu moins de 4 ans.

Quelles sont les tâches quotidiennes ?

Mes tâches quotidiennes en refuge, sanctuaire d'animaux exotiques domestiques sont :

  • Nourrir les serpents et les insectivores, puis noter le tout dans leur dossier.

  • Tailler les griffes des animaux en ayant besoin (oiseaux, furets, lézard…).

  • Évaluer les anomalies de santé remarquées par le personnel d'entretien.

  • Faire les suivis des animaux malades au besoin.

  • Préparer et administrer les médicaments per os, intramusculaire ou sous-cutanée.

  • Faire les fluidothérapies sous-cutanées si besoin pour réhydrater un animal.

  • Noter toutes mes observations médicales dans le dossier de chaque animal, émettre des recommandations et en informer la responsable qui contacte la vétérinaire si nécessaire.

  • Émettre des recommandations alimentaires pour des individus et ajuster les portions.

  • Aménager des habitats bioactifs pour les amphibiens et les lézards tropicaux.

  • M'assurer que les habitats sont toujours adéquats et confortables pour l'espèce qui y vit.

  • Effectuer des recherches sur les espèces qui sont hébergées, sur leurs besoins et conditions médicales les plus fréquentes.

  • Être un pilier de communication entre l'équipe d'entretien et la direction.

  • Préparer des communications sur les suivis de santé des animaux du sanctuaire pour informer les employés et leur demander une précaution particulière au besoin.

Es-tu satisfaite de ton niveau de rémunération ?

Mon niveau de rémunération est acceptable. Je pourrais facilement me trouver un emploi plus rémunérateur dans un autre domaine, mais j'ai un grand sentiment d'attachement avec les animaux du sanctuaire et j'aime beaucoup la flexibilité de mon horaire.

As-tu trouvé facilement un emploi après ton diplôme ?

J'ai pu facilement me trouver un emploi de TSA après mon diplôme, car c'est un métier où il y a souvent un bon roulement de personnel (les TSA finissent bien souvent par changer de milieu ou de domaine étant donné les conditions de travail exigeantes et la faible rémunération).

Quel conseil donnerais-tu aux candidats TSA étrangers ?

Comme conseil pour un candidat TSA qui vient de l’étranger, je donnerais le même que je donne aux étudiants TSA québécois : prenez le temps de choisir et de sélectionner votre employeur. C'est un métier en demande, c'est assez certain que vous trouverez un emploi en milieu clinique. C'est un emploi exigeant physiquement et mentalement, prenez le temps de choisir un employeur qui offre de bons avantages sociaux (comme la physiothérapie, vous allez en avoir besoin avec le temps !), un ''bon'' salaire et une équipe de travail soutenante et harmonieuse. C'est ce qui vous donnera envie de continuer ce métier quand les clients seront trop difficiles ou que vous vous retrouverez devant des situations qui vous heurtent profondément.

Un salaire variable et parfois insuffisant 

Le salaire horaire moyen des TSA débutants est d’environ 16 dollars de l’heure. Il évolue ensuite rapidement avec l’expérience pour atteindre 21 dollars de l’heure (moyenne nationale pour les TSA). Dans certains cas, pour les employés justifiant de nombreuses formations et d’années d’expérience, le taux horaire peut atteindre 30 dollars brut de l’heure.  

Le travail à temps plein compte en général 40 heures par semaine, hors heures supplémentaires. Le nombre de semaines de congés payé dépend de l’ancienneté auprès de l’employeur : après un an, c’est deux semaines, après 5 ans cela passe à 3 semaines et enfin 4 semaines après dix ans d’ancienneté dans la même clinique 

Partir exercer au Québec, c’est possible… sous certaines conditions 

Depuis 2015, un programme de " validation des acquis a été mis en place. Celui-ci permet aux travailleurs qui ont cumulé une riche expérience au sein d’établissements de soins vétérinaires canadiens ou étrangers de faire reconnaître leurs acquis.  

Pour candidater, il faut faire un bilan de ses compétences. Un comité d’expert est alors mandaté pour analyser et valider votre candidature.  

Si le candidat maîtrise les compétences nécessaires, il obtient une équivalence au diplôme d’études collégiales.  

S’il y a des lacunes, une formation d’appoint est proposée pour le remettre à niveau.  

Il faut s’acquitter d’environ 30 dollars de frais de dossier. Si des cours doivent être suivis, ils sont facturés 2 dollars par heure. En général, la procédure coûte moins de 600 dollars au candidat.  

Une fois l’équivalence obtenue, pour aller travailler au Québec, il faut obtenir un visa de travail auprès de l’administration. Les démarches peuvent être longues et doivent donc être anticipées. Enfin, il est conseillé de s’affilier à une association provinciale de technicien/ technologue en santé animale.  

Interview de Estelle TSA pendant 4 ans à Saint-Jérôme au Québec

 

Quel est ton parcours ?

J’ai effectué mes études au Canada. Pendant mon cursus, j’ai travaillé dans une clinique vétérinaire qui m’a embauché directement après mon diplôme.

Es-tu satisfaite de ton niveau de rémunération ?

Oui, j’étais satisfaite de mon niveau de rémunération.

Quelles étaient tes tâches quotidiennes ?

Pour la partie chirurgie, mes tâches quotidiennes étaient de faire l’entrée des chirurgies, c’est-à-dire faire un petit examen puis faire signer les documents et hospitaliser l’animal. Ensuite préparer le bloc opératoire, préparer les médicaments à utiliser, induire l’animal, l’intuber, raser la partie que l’on va opérer et nettoyer stérilement le tout. Habiller le chirurgien de façon stérile et lui donner les instruments. Je surveillais l’anesthésie jusqu’au réveil.

Je m’occupais également de la facturation de la chirurgie et de la préparation des médicaments pour le retour à la maison. Enfin, j’appelais les clients pour leur donner des nouvelles et prévoir une heure de sortie.

Il y avait également tout l’aspect nettoyage des cages, des salles de consultations, et le nettoyage et la stérilisation des instruments. Forme Estelle Lecourt

J’avais également la charge de la gestion des stocks de nourriture et de médicaments.

Enfin, il y avait une importante partie du travail en contact avec la clientèle : faire de la prévention et du conseil en nutrition, effectuer les examens en consultations (faire les prises de sang et lancer catalyst et procyte, faire les radiographies…) , prendre des appels à l’accueil et faire payer les clients.

Quel conseil donnerais-tu aux candidats étrangers ?

Les petites cliniques ont plus de mal à recruter et c’est dommage ! Ça peut donc être une piste pour trouver un poste facilement.

 

Quelques chiffres 

La profession est majoritairement féminine (92% de femmes) et jeune (64 % ont moins de trente ans). 

Le Québec compte environ 2 350 techniciens en santé animale.  

Les emplois sont pour 80 % à temps plein.  

Seuls 65 % des diplômés exercent en clinique. 22 % sont employés en centre de recherche / laboratoire et 13 % choisissent d’autres débouchés.  


Le métier de TSA au Québec est bien encadré et développé. Le métier est attractif et valorisant. Les offres d’emplois sont nombreuses permettant un accès à l’emploi aisé pour les diplômés. Les réorientations sont également simplifiées pour ceux qui ne voudraient plus exercer en clinique via la polyvalence du diplôme. Les Français sont les bienvenus pour exercer au Québec après une validation des acquis et l’obtention d’un visa de travail. Il est également possible dès le choix du métier de réaliser le cursus au Canada.  

 

Mélissa Dastroy  
Vétérinaire 

 

Ressources documentaires et bibliographiques :

[1] Ordre des médecins vétérinaires du Québec. Les techniciens en santé animale. [En ligne]. Disponible sur https://www.omvq.qc.ca/tsa/role-et-fonctions.html#:~:text=Un%20technicien%20en%20santé%20animale,l'un%20des%20établissements%20d'. [Consulté le : 27 août 2024] 

[2] Gouvernement du Québec. Technologues et techniciens / techniciennes en santé animale. [En ligne]. Disponible sur https://www.quebec.ca/emploi/informer-metier-profession/explorer-metiers-professions/32104-technologues-et-techniciens-techniciennes-en-sante-animale. [Consulté le : 27 août 2024] 

[3] Guichet-emplois.Technologues en santé animale au Canada. [En ligne]. Disponible sur https://www.guichetemplois.gc.ca/rapportmarche/profession-sommaire/4233/ca. [Consulté le : 27 août 2024] 

[4] Dany Savard. Technicien(ne) en santé animale. Diplôme d’études collégiales. [En ligne]. Disponible sur  https://www.metiers-quebec.org/sante/tech_sante_animale.htm. [Consulté le : 27 août 2024] 

[5] Association canadienne des médecins vétérinaires. Techniciens / technologues vétérinaires agréés.[En ligne]. Disponible sur https://www.veterinairesaucanada.net/ressources-publiques/carrieres-en-medecine-veterinaire/techniciens-technologues-veterinaires-agree/ [Consulté le : 27 août 2024] 

 

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