ASV, un choix d'adulte
Enfant, comme beaucoup, Blandine aime les animaux, qu’elle côtoie notamment dans sa pratique de l’équitation. Mais le métier d’ASV lui étant alors inconnu, elle passe un bac en sciences médicosociales. Puis, elle devient secrétaire médicale dans un centre d’imagerie à Créteil, en Île-de-France, poste où elle reste sept ans. Si ses tâches lui semblent un peu répétitives, elle aime le lien avec le médical, le soin, le service aux personnes. Alors, à l’occasion d’un changement de région, elle décide de se réorienter vers le métier d’ASV, dans lequel ces aspects sont aussi présents.
Blandine n’est pas diplômée, mais c’est justement ce que souhaite la vétérinaire qui a passé l’annonce à laquelle elle répond. En effet, échaudée par de mauvaises expériences, celle-ci cherche une ASV qu’elle pourra former elle-même, et Blandine est embauchée. Elle commence à temps partiel, puis passe à temps plein lissé lors de la construction d’une nouvelle clinique et l’embauche d’un deuxième vétérinaire. Elle apprend donc le métier « sur le tas », épaulée également par l’ASV déjà en poste. Très vite, elle devient polyvalente, sachant gérer l’accueil téléphonique, les commandes et leur rangement, la stérilisation des instruments, assurer la contention en consultation, aider en chirurgie et aux soins aux hospitalisés. Blandine s’investit aussi dans les relations avec les clients, souvent stressés ou débordés par leurs émotions. « Ils sont devenus plus exigeants depuis la Covid-19 », constate-t-elle comme beaucoup d’entre nous, « mais en cas de problème j’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien de ma patronne, ce qui n’était pas le cas quand je travaillais en radiologie humaine où le patient était roi… » Un esprit d’équipe qui s’étend à l’implication des ASV dans le développement de nouveaux services, via des formations communes vétérinaires/ASV à la conduite accompagnée du chiot, à la prise en charge de la douleur, à la physiothérapie. Des tâches et des projets entraînant une absence de « train-train » qui plaît à Blandine, qui apprécie qu’aucune journée ne ressemble à une autre.
L'engagement, une affaire de famille
C’est cet attrait pour la variété et son sens du service à la personne qui sont également à l’origine de son engagement comme sapeur-pompier volontaire.
Des valeurs familiales, puisque le mari de Blandine s’est engagé comme pompier volontaire dès leur arrivée à Précy-sur-Vrin, dans l’Yonne, il y a une douzaine d’années, et dirige actuellement le centre communal. Bien que tentée de le faire aussi, Blandine a attendu que leurs enfants soient plus grands pour le rejoindre, bientôt suivie par leur fils (19 ans), lui-même pompier volontaire, et par leur fille (16 ans), jeune sapeur-pompier.
Devenir sapeur-pompier volontaire demande un investissement important, puisqu’après le recrutement faisant suite à une visite médicale et à des tests d’aptitude sportifs, il faut suivre deux formations, la première de 80 heures dédiée aux secours à personnes, et la seconde, de 80 heures également, consacrée aux opérations diverses, incendies… Formations que Blandine a suivies sur ses congés annuels de la clinique.
Actuellement, Blandine intervient à la fois au niveau communal et au niveau départemental. Le domaine d’intervention du centre communal, dont son mari est le chef et auquel participe également leur fils, comprend la commune et les villages limitrophes.
Le rayon d’action du centre d’intervention départemental (auquel son fils est également rattaché) s’étend sur une dizaine de communes (mais est occasionnellement élargi à d’autres communes en cas d’indisponibilité d’un autre centre de secours).
Blandine a une semaine d’astreinte (du vendredi 18 heures au vendredi suivant 18 heures) toutes les 5 semaines et une « manœuvre » mensuelle (entraînement) de 4 heures.
Blandine et Nobel
Difficile d’imaginer une ASV sans chien ! En tant que sapeur-pompier volontaire, le choix de Blandine s’est naturellement porté vers un chien d’une race réputée apte à être formée à la recherche de personnes : un malinois. Si Nobel a été élevé en chien de la famille, sa formation a été commencée dès son arrivée sous forme ludique : jeux de cache-cache, par exemple.
« 80 % des chiens de recherche en décombres sont des malinois, explique Blandine, ils sont agiles, endurants, persévérants, et font preuve d’acharnement au travail. » Et si, par manque de temps, Blandine n’a pas pu suivre la formation pour intégrer l’équipe cynotechnique, elle suit certains entraînements avec Nobel. Et la passion a été transmise à sa fille, qui a déjà un plan de carrière tout tracé : devenir vétérinaire et intégrer la brigade cynotechnique des pompiers de Paris.
Des atouts pour des domaines d'intervention variés
« On pense souvent que les incendies constituent l’activité principale des sapeurs-pompiers, mais en réalité dans les deux centres ils ne représentent qu’une faible proportion des interventions, explique Blandine. 80 % sont des secours à personnes, 5 à 10 % des opérations diverses (inondations, secours aux animaux, dégagement d’arbres sur la voie publique). Dans ma région, les incendies sont le plus souvent des feux de cheminée ou de culture. »
Si l’organisation quotidienne (« bip » éteint pendant les horaires de travail à la clinique par exemple) permet à Blandine de séparer un peu ses deux activités, ses deux « casquettes » se complètent forcément. Son engagement comme sapeur-pompier volontaire est connu de sa patronne, qui était déjà au courant auparavant de celui de son mari, et ses compétences en premiers secours sont régulièrement mises à contribution lors de malaise de stagiaire de 3e ou de client. Même si la clinique est située dans un autre village que l’habitation de Blandine, certains clients connaissent son activité et lui demandent des nouvelles. À l’inverse, son métier d’ASV l’aide dans les cas nécessitant la contention ou la manipulation d’animaux : chats, chevaux, chevreuils. Et lors d’interventions elle demande systématiquement s’il y a des animaux présents… et va les chercher.
Quant au fait d’être une femme dans un milieu à majorité masculin (un quart seulement de femmes dans le centre départemental), c’est un atout lors de secours à la personne, par exemple pour rassurer les enfants, mettre en confiance une femme lors du bilan d’évaluation des lésions ou l’aider lors d’un accouchement.
« En fait, être ASV ou sapeur-pompier, c’est un peu pareil, conclut Blandine en souriant, dans les deux cas, nous sommes des couteaux suisses, multitâches ! Il faut faire preuve de sang-froid, savoir analyser rapidement la situation pour avoir la bonne réaction au bon moment, et les gestes d’urgence sont souvent similaires. »
Claire Allgeyer,
Vétérinaire